En ce qui concerne la musique, les véristes étaient influencés à la fois par Wagner et par l’opéra français (Massenet). Les dispositifs musicaux comprenaient la déclamation passionnée par les voix solistes, les harmonies et les mélodies chargées d’émotion, la dissonance, l’énormité et d’autres dispositifs musicaux qui soulignaient l’émotivité et titubaient le public alors blasé. En ce sens, on peut dire que l’opéra vériste a été le précurseur de la télévision et du cinéma de choc. L’approche « réaliste » de la musique vériste réside également dans le fait que la partition d’un opéra vériste est pour la plupart du temps continue et n’est pas divisée en « numéros » séparés dans la partition, qui peuvent être facilement excisés et joués en extraits de concert (comme c’est le cas avec les genres d’opéra qui ont précédé le vérisme). Ce n’est cependant pas toujours vrai – Cavalleria rusticana, Pagliacci, Tosca et d’autres opéras véristes ont des arias, des duos et des chœurs qui sont constamment extraits dans les récitals. En revanche, Turandot (laissée inachevée à la mort de Puccini) marque un retour à un style « numéroté ».
Influence de Wagner sur le vérisme
L’influence de Wagner sur le vérisme est évidente. L’acte un de Die Walküre et l’acte trois de Siegfried contiennent les graines de nombreux fragments et mélodies futurs de Verismo.
Les compositeurs véristes appliqueront de nombreuses innovations et transformations musico-dramatiques de Wagner. Cependant, certains affirment qu’il existe une différence fondamentale dans l’utilisation de l’orchestre entre Wagner et Verismo : chez Wagner, l’orchestre n’a pas nécessairement besoin de suivre ce que les chanteurs présentent en termes d’émotion ou même de contenu (par exemple, lorsque le personnage principal de Siegfried (acte 2) se demande qui sont ses parents, un leitmotiv nous rappelle que nous les avons déjà rencontrés dans l’opéra précédent – une perception extérieure à la conscience de Siegfried qui renforce notre vision plus large de l’intrigue).
Compositeurs et opéras véristes célèbres
Bien que Carmen de Bizet (1875) ait été le premier opéra tranche de vie qui a du cran, le véritable vérisme s’est imposé 15 ans plus tard en Italie, avec la première historique (1890) de Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni. Carmen est essentiellement un archétype d’opéra vériste : au lieu de rois et de comtesses, le livret met en scène des toreros, des soldats, des ouvriers et des prostituées mêlés à des passions violentes et à un meurtre dû à la jalousie. Mais sa musique est bien plus élégante – et traditionnelle – que l’émotivité constante et tranchante de l’opéra versimo (bien que, sans coïncidence, l’éditeur italien de Carmen n’était autre qu’Edoardo Sonzogno).
Bien que Giacomo Puccini soit généralement accepté comme le plus grand compositeur vériste, cette affirmation est contestée par certains musicologues en Italie qui le placent en dehors de l’école vériste. D’autres critiques considèrent que Puccini n’a eu qu’une participation partielle au Verismo. L’opinion la plus acceptée de nos jours est qu’au moins quelques-uns de ses opéras (Tosca, 1900) peuvent être classés comme véristes : situé en Italie, il met en scène un prisonnier politique, un peintre et une chanteuse, durement trompés par le chef de la police. Notez cependant que seul un des opéras de Puccini, le premier tiers d’Il Trittico, Il tabarro, s’accorde dramatiquement avec le véritable format vériste. Toutefois, si l’on utilise le terme vérisme de manière plus large pour décrire un opéra qui met en scène des personnages « quotidiens », on peut supposer que l’opéra « réaliste » le plus parfait de Puccini est La Bohème. La Bohème (1896) dépeint quatre artistes pauvres qui vivent et travaillent dans une mansarde sordide à Paris, et une jeune fille tout aussi pauvre qui fait de la broderie pour gagner sa vie. (Ces vies sont toutefois romancées d’une manière étrangère au vérisme authentique).
Les compositeurs les plus célèbres de l’opéra vériste, à l’exception de Puccini, sont Pietro Mascagni (Cavalleria rusticana, 1890 ; Chevalerie rustique), Ruggero Leoncavallo (dont le Pagliacci est souvent associé à Cavalleria), Umberto Giordano et Francesco Cilea. Il y avait cependant beaucoup d’autres véristes : Franco Alfano, surtout connu pour avoir terminé Turandot de Puccini, Alfredo Catalani, Gustave Charpentier (Louise), Eugen d’Albert (Tiefland), Ignatz Waghalter (« Der Teufelsweg » et « Jugend »), Alberto Franchetti, Franco Leoni, Jules Massenet (La Navarraise), Licinio Refice. Des opéras véristes occasionnels ont été écrits au XXe siècle, comme I gioielli della Madonna (1911 ; Les bijoux de la Madone) d’Ermanno Wolf-Ferrari et Riccardo Zandonai.
Un regain d’intérêt pour l’opéra du vérisme italien se retrouve aujourd’hui dans le monde entier.