L’art de la peinture

Sa signature

Le tableau représente un artiste peignant une femme habillée en bleu posant comme modèle dans son atelier. Le sujet est debout près d’une fenêtre et une grande carte des Pays-Bas est accrochée au mur derrière. Il est signé à droite de la jeune fille « I Ver. Meer », mais n’est pas daté. La plupart des experts supposent qu’il a été exécuté entre 1665/1668, mais certains suggèrent que l’œuvre pourrait avoir été créée aussi tard que 1670-1675.

En 1663, Vermeer avait reçu la visite de Balthasar de Monconys, mais n’avait pas de peinture à montrer, donc il a peut-être été fait « afin d’avoir un spécimen exceptionnel de son art dans son studio. » Vermeer aimait manifestement ce tableau ; il ne l’a jamais vendu de son vivant. Selon Alpers, « il représente une sorte de résumé et d’évaluation de ce qui a été fait »:122

ElementsEdit

Détail de l’Art de peindre de Vermeer montrant le peintre à son chevalet en utilisant un bâton de maul.

Le tableau ne comporte que deux personnages, le peintre et son sujet, une femme aux yeux baissés. On a pensé que le peintre était un autoportrait de l’artiste ; Jean-Louis Vaudoyer a suggéré que la jeune femme pourrait être sa fille.172 Le peintre est assis devant le tableau sur le chevalet, où l’on peut voir l’esquisse de la couronne. Il est vêtu d’un élégant vêtement noir avec des découpes sur les manches et dans le dos qui laissent entrevoir la chemise en dessous. Il porte une culotte courte bouffante et des bas orange, un vêtement coûteux et à la mode que l’on retrouve dans d’autres œuvres de l’époque, comme dans un autoportrait bien connu de Rubens.

La tapisserie et la chaise, toutes deux repoussoirs, conduisent le spectateur dans le tableau. Comme dans L’allégorie de la foi, on peut voir le plafond.

Les experts attribuent des symboles à divers aspects du tableau. Un certain nombre d’éléments, un masque en plâtre, représentant peut-être le débat sur le paragone, la présence d’un morceau de tissu, d’un folio et d’un peu de cuir sur la table ont été liés aux symboles des arts libéraux. La représentation du sol carrelé en marbre et le splendide lustre doré sont des exemples du savoir-faire de Vermeer et montrent sa connaissance de la perspective. Chaque objet reflète ou absorbe la lumière différemment, obtenant le rendu le plus précis des effets de matière.

Leo Belgicus par Visscher (1611)

La carte, remarquable par la représentation de la lumière sur celle-ci, montre les Dix-sept provinces des Pays-Bas, flanquées de 20 vues de villes néerlandaises importantes. Elle a été publiée par Claes Janszoon Visscher en 1636. Cette carte, mais sans les vues de villes à gauche et à droite, est visible sur les peintures de Jacob Ochtervelt et Nicolaes Maes. Des cartes similaires ont été trouvées dans la Bibliothèque Nationale à Paris:120 et dans le Skokloster suédois. En haut à gauche de la carte, on peut voir deux femmes ; l’une portant une houlette et des compas, tandis que l’autre a à la main une palette, un pinceau et une vue de ville.:126

Symbolisme et allégorieModifier

L’atelier du peintre par Michiel van Musscher, 1679

Vermeer avait un intérêt théorique pour la peinture. Le sujet est présumé être Fama, Pictura,:172 ou Clio, la muse de l’Histoire, comme en témoigne le fait qu’elle porte une couronne de laurier, qu’elle tient une trompette, qu’elle porte peut-être un livre d’Hérodote ou de Thucydide, ce qui correspond à la description du livre de Cesare Ripa du XVIe siècle sur les emblèmes et les personnifications intitulé Iconologia. Cependant, selon Ripa, l’histoire doit regarder vers l’arrière et non vers le bas comme dans ce tableau. Si l’on suit Gérard de Lairesse, contemporain de Vermeer, intéressé par le classicisme français et Ripa, il existe une autre explication ; il mentionne l’histoire et la poésie comme les principales ressources d’un peintre. La femme en bleu pourrait représenter la poésie, 175 en se référant à Plutarque qui a observé que « Simonides appelle la peinture poésie silencieuse et la poésie peinture qui parle », paraphrasé plus tard par le poète latin Horace comme ut pictura poesis. Si c’est le cas, la carte représente l’histoire.

Un aigle bicéphale théorisé au sommet du lustre

L’aigle bicéphale, symbole du Saint Empire romain germanique des Habsbourg, qui orne peut-être le lustre central en or, pourrait représenter les anciens souverains des Pays-Bas. La grande carte sur le mur du fond a un pli proéminent qui divise les Dix-sept Provinces entre le nord et le sud. (L’ouest est en haut de la carte.) Le pli peut symboliser la division entre la République néerlandaise au nord et les provinces du sud sous la domination des Habsbourg. La carte montre la division politique antérieure entre l’Union d’Utrecht au nord, et les provinces loyales au sud. Cette interprétation aurait pu plaire à Hitler qui possédait le tableau pendant la guerre182 : selon Liedtke, une interprétation politique de la carte et de l’aigle des Habsbourg n’est pas convaincante ; elle néglige d’autres motifs. La carte pourrait cependant suggérer que la peinture a apporté la gloire aux Pays-Bas ; les navires naviguant au-dessus des plis le suggèrent.

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