L’œil et les cellules souches : la voie vers le traitement de la cécité

Remplacer les cellules épithéliales pigmentaires rétiniennes

Les cellules épithéliales pigmentaires rétiniennes (EPR) ont un certain nombre de tâches importantes, notamment s’occuper de la rétine adjacente. Si ces cellules cessent de fonctionner correctement en raison d’un dommage ou d’une maladie, certaines parties de la rétine meurent. La rétine étant la partie de l’œil responsable de la détection de la lumière, cela entraîne l’apparition de la cécité. Les cellules de l’EPR peuvent être endommagées dans une variété de maladies telles que : la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), la rétinite pigmentaire et l’aneurose congénitale de Leber.

Une façon de traiter ces maladies serait de remplacer les cellules de l’EPR endommagées par des cellules saines transplantées. Malheureusement, il n’est pas possible de prélever des cellules RPE saines sur des donneurs, il est donc nécessaire de trouver une autre source de cellules pour la transplantation. Les scientifiques ont récemment produit en laboratoire de nouvelles cellules RPE à partir de cellules souches embryonnaires et de cellules iPS. L’innocuité des cellules RPE dérivées de cellules souches embryonnaires a été testée dans le cadre d’essais cliniques de phase I/II pour des patients atteints de dystrophie maculaire de Stargardt et de DMLA par une société biotechnologique de cellules souches appelée Advanced Cell Technologies. Les résultats de l’essai, publiés en 2014, ont démontré l’innocuité et montré une prise de greffe des cellules EPR transplantées. Cependant, certains participants ont subi des effets secondaires indésirables liés à l’immunosuppression et à la procédure de transplantation elle-même. Il est intéressant de noter que, bien que ce ne soit pas un critère d’évaluation de cet essai, plusieurs patients ont également signalé une amélioration de leur vision.

Un deuxième essai de phase I/II explorant l’utilisation d’EPR dérivés de cellules souches embryonnaires humaines pour les personnes atteintes de DMLA humide est actuellement en cours au Royaume-Uni. Le premier patient a reçu sa greffe en septembre 2015. Ces travaux, dirigés par le Pr Pete Coffey, se poursuivent et sont menés au Moorfields Eye Hospital dans le cadre du London Project to Cure Blindness.

Enfin, le chercheur japonais, le Dr Masayo Takahashi dirige un essai clinique au Japon qui transplante des cellules RPE fabriquées à partir de cellules iPS chez des patients atteints de DMLA humide. L’essai a été mis en attente pendant plusieurs mois en raison de changements réglementaires au Japon et de préoccupations concernant des mutations dans un produit de cellules iPS devant être utilisé dans l’essai. L’essai a repris en juin 2016 et beaucoup attendent les résultats.

Il existe plusieurs autres essais cliniques de phase I ou I/II utilisant des cellules souches pluripotentes dans le monde entier, impliquant un petit nombre de participants. Ces essais examinent principalement la sécurité, mais dans certains cas aussi l’efficacité, de l’utilisation des EPR développés à partir de cellules souches pluripotentes dans la DMLA sèche et humide et la dégénérescence maculaire de Stargardt.

Le remplacement des cellules EPR endommagées ne sera efficace que chez les patients qui ont encore au moins une partie d’une rétine fonctionnelle, et donc un certain niveau de vision (c’est-à-dire aux premiers stades de la maladie). En effet, les cellules de l’EPR ne sont pas elles-mêmes responsables de la « vision », mais sont en fait chargées de soutenir la rétine « voyante ». La vue est perdue dans ces types de maladies lorsque la rétine commence à dégénérer parce que les cellules de l’EPR ne font pas correctement leur travail. Les cellules de l’EPR doivent donc être remplacées à temps pour qu’elles puissent soutenir une rétine encore fonctionnelle. On espère que la transplantation de nouvelles cellules EPR permettra alors de stopper définitivement la poursuite de la perte de vision et, dans certains cas, pourra même améliorer la vision dans une certaine mesure.

Remplacement des cellules épithéliales du pigment rétinien : Les techniques de culture de cellules pour les thérapies font l’objet de recherches et sont testées dans les premiers essais cliniques de sécurité.

Remplacement des cellules rétiniennes

Dans de nombreux cas où la vision est perdue, nous constatons souvent que le problème réside dans un mauvais fonctionnement des circuits rétiniens. Différents troubles se produisent lorsque des cellules particulières et spécialisées du circuit cessent de fonctionner correctement ou meurent. Bien que la rétine soit plus complexe que les autres composants de l’œil, on espère que si une source de nouvelles cellules rétiniennes peut être trouvée, nous pourrons remplacer les cellules endommagées ou mourantes pour réparer la rétine. En outre, cette approche pourrait également aider à réparer les dommages causés au nerf optique.

Les scientifiques se sont à nouveau tournés vers la technologie des cellules souches pour fournir la source de cellules de remplacement. Plusieurs études ont maintenant rapporté que les cellules souches embryonnaires et les cellules iPS peuvent être transformées en différents types de cellules rétiniennes en laboratoire. Dans l’œil, un type de cellule appelé cellule de Müller, qui se trouve dans la rétine, est connu pour agir comme une cellule souche chez certaines espèces, comme le poisson zèbre. Il a été suggéré que cette cellule pourrait également être capable d’agir comme une cellule souche chez l’homme, auquel cas elle pourrait fournir une autre source de cellules rétiniennes pour la réparation de la rétine.

Contrairement à la transplantation de cellules de l’EPR, la réparation directe de la rétine pourrait permettre aux patients qui ont déjà perdu leur vision de la retrouver dans une certaine mesure. Cela donne de l’espoir aux patients atteints de troubles tels que la dégénérescence maculaire liée à l’âge à un stade avancé, où les cellules photoréceptrices sensibles à la lumière de la rétine ont déjà été perdues. Ce type de recherche peut également fournir de nouveaux traitements pour les personnes souffrant de maladies de la rétine comme la rétinite pigmentaire et le glaucome. Cependant, malgré des preuves encourageantes, ces recherches n’en sont qu’à leurs débuts. Aucun essai clinique sur des patients n’est actuellement prévu en utilisant ce type d’approche, car d’importantes recherches supplémentaires sont encore nécessaires au préalable.

Remplacer les cellules nerveuses de la rétine : les recherches actuelles visent à comprendre comment produire des cellules nerveuses rétiniennes qui pourraient être utilisées dans de futures thérapies.

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