Le poète commence par comparer l’amour entre sa bien-aimée et lui-même avec le décès des hommes vertueux. Ces hommes expirent si paisiblement que leurs amis ne peuvent déterminer quand ils sont vraiment morts. De même, son bien-aimé devrait les laisser partir tous les deux en paix, sans révéler leur amour aux « laïcs ».
Les tremblements de terre apportent le mal et la crainte sur le sens de la rupture, mais ces craintes ne devraient pas affecter son bien-aimé en raison de la nature ferme de leur amour. D’autres amoureux deviennent craintifs lorsque la distance les sépare – une distance bien plus grande que les fissures dans la terre après un tremblement de terre – puisque pour eux, l’amour est basé sur la présence physique ou l’attrait de l’autre. Pourtant, pour le poète et sa bien-aimée, une telle séparation est « innocente », comme les mouvements des sphères célestes, car leur amour transcende la simple physicalité.
En effet, la séparation ne fait qu’ajouter à la distance couverte par leur amour, comme une feuille d’or, martelée si fine qu’elle couvre une immense surface et dore tellement plus qu’un amour concentré en un seul endroit ne pourrait jamais le faire.
Il termine le poème par une comparaison plus longue de lui-même et de sa femme aux deux branches d’un compas. Ils sont joints au sommet, et elle est parfaitement ancrée au point central. Lorsqu’il s’éloigne du centre, elle se penche vers lui, et lorsqu’il parcourt ses cercles, elle reste ferme au centre, rendant ses cercles parfaits.
Analyse
Les deux premières des neuf strophes abab de « A Valediction : Forbidding Mourning » constituent une seule phrase, développant la simile de la disparition d’un homme vertueux comparée à l’amour entre le poète et sa bien-aimée. On pense que Donne partait en fait pour un long voyage et souhaitait consoler et encourager sa femme bien-aimée en identifiant la véritable force de leur lien. Le point est qu’ils sont spirituellement liés ensemble indépendamment de la distance terrestre qui les sépare.
Il commence par déclarer que l’homme vertueux laisse la vie derrière lui si délicatement que même ses amis ne peuvent pas clairement faire la différence. De même, Donne interdit à sa femme de pleurer ouvertement la séparation. D’une part, il ne s’agit pas d’une séparation réelle, comme la différence entre un souffle et l’absence de souffle. D’autre part, pleurer ouvertement serait une profanation de leur amour, comme le mystère spirituel d’un sacrement peut être diminué en révélant les détails aux « laïcs » (ligne 8). Leur amour est sacré, aussi la profondeur du sens des larmes de sa femme ne serait pas comprise par ceux qui ne sont pas liés par le mariage et qui n’aiment pas aussi profondément. Lorsque Donne partira, les observateurs ne devraient voir aucun signe de la part de la femme de Donne pour suggérer si Donne est proche ou loin, car elle sera si inébranlable dans son amour pour lui et vaquera tout de même à ses occupations.
La troisième strophe suggère que la séparation est comme le mouvement innocent des sphères célestes, dont beaucoup tournent autour du centre. Ces énormes mouvements, lorsque les planètes se rapprochent et s’éloignent les unes des autres, sont innocents et ne présagent aucun mal. L’absence de Donne n’est donc pas un mauvais présage. Tout cela n’a rien à voir avec la peur mondaine que les gens éprouvent après un tremblement de terre, en essayant de déterminer ce que signifient les mouvements et les clivages.
Dans les quatrième et cinquième strophes, Donne compare également leur amour à celui des amants « sublunaires » (terrestres) et trouve ces derniers défaillants. L’amour des autres naît de la proximité physique, où ils peuvent voir l’attrait de l’autre. Lorsque la distance intervient, leur amour s’étiole, mais il n’en est pas ainsi pour Donne et sa bien-aimée, dont l’amour spirituel, assuré dans » l’esprit » de chacun, ne peut être réduit par la distance physique comme l’amour de ceux qui se concentrent sur » les lèvres, et les mains. «
L’utilisation de » raffiné » dans la cinquième strophe donne à Donne l’occasion d’utiliser une métaphore impliquant l’or, un métal précieux qui est raffiné par le feu. Dans la sixième strophe, la séparation est dépeinte comme étant en fait un bonus, car elle étend le territoire de leur amour, comme l’or que l’on martèle dans une « aery thinness » sans le briser (ligne 24). Elle peut ainsi dorer un territoire encore plus grand.
Les trois dernières strophes utilisent une métaphore étendue dans laquelle Donne compare les deux individus du mariage aux deux jambes d’un compas : bien qu’ils aient chacun leur propre but, ils sont inextricablement liés à la jointure ou au pivot au sommet – c’est-à-dire dans leur unité spirituelle en Dieu. Sur le papier – le royaume terrestre – une jambe reste ferme, tout comme la femme de Donne restera ferme dans son amour à la maison. Pendant ce temps, l’autre jambe décrit un cercle parfait autour de ce centre immobile, tant que la jambe centrale reste fermement ancrée et ne s’écarte pas. Elle penchera toujours dans sa direction, tout comme le pied central de la boussole. Tant qu’elle ne s’écarte pas, « Ta fermeté rend mon cercle juste, / Et me fait terminer là où j’ai commencé, » à la maison (lignes 35-36). Ils forment une équipe, et tant qu’elle lui est fidèle, il pourra revenir exactement au point où ils se sont arrêtés avant son voyage.