Trauma Bonding
Le bonding est un processus biologique et émotionnel qui rend les gens plus importants les uns pour les autres au fil du temps. Contrairement à l’amour, à la confiance ou à l’attraction, le bonding n’est pas quelque chose qui peut être perdu. Il est cumulatif et ne fait que croître, jamais diminuer. Les liens se développent lorsque l’on passe du temps ensemble, que l’on vit ensemble, que l’on mange ensemble, que l’on fait l’amour ensemble, que l’on a des enfants ensemble et que l’on est ensemble en cas de stress ou de difficulté. Les mauvais moments créent des liens aussi forts que les bons, peut-être même plus forts.
Le lien affectif explique en partie pourquoi il est plus difficile de quitter une relation abusive à mesure qu’elle se prolonge. L’attachement rend difficile l’application des limites, car il est beaucoup plus difficile de se tenir à l’écart des personnes auxquelles nous nous sommes attachés. En quittant une longue relation, il n’est pas toujours utile de juger de la justesse de la décision en fonction de sa difficulté, car elle sera toujours difficile.
De plus, le fait de vivre ensemble des situations extrêmes et des sentiments extrêmes tend à lier les gens d’une manière particulière…. Le traumatisme bonding, un terme développé par Patrick Carnes, est l’utilisation abusive de la peur, de l’excitation, des sentiments sexuels et de la physiologie sexuelle pour emmêler une autre personne. De nombreux agresseurs primaires ont tendance à adopter des comportements extrêmes et à prendre des risques, et le trauma bonding est un facteur dans leurs relations.
En fait, il existe une thérapie, la programmation neurolinguistique, qui enseigne une technique appelée fractionnement, qui consiste à augmenter le bonding en faisant passer, de manière conversationnelle ou interpersonnelle, la cible d’un sentiment à son opposé et vice-versa plusieurs fois au cours d’une conversation.
Étrangement, grandir dans un foyer dangereux fait que les situations dangereuses ultérieures ont plus de pouvoir de rétention. Cela a une base biologique au-delà de tout apprentissage cognitif. C’est le traumatisme dans l’histoire d’une personne qui crée un lien avec le traumatisme. Étant donné que les traumatismes (et les traumatismes liés au développement ou les traumatismes relationnels précoces sont épidémiques) provoquent un engourdissement de nombreux aspects de l’intimité, les personnes traumatisées répondent souvent positivement à une personne ou à une situation dangereuse parce qu’elles se sentent concernées. Ce n’est ni rationnel ni irrationnel. Si les survivants peuvent arriver à voir qu’une partie de l’attraction est, bien que très indésirable, un processus naturel, ils peuvent être en mesure de comprendre ces sentiments et de gérer la situation plus intentionnellement.
Un excellent livre sur les effets du traumatisme (et la réparation) est The Body Keeps the Score : Brain, Mind, and Body in the Healing of Trauma par Bessel van der Kolk MD
Les relations intenses ont également tendance à détourner toute la capacité de relation d’un survivant. C’est comme un état d’épuisement. Tout d’abord, s’il est très facile de s’attacher à une personne très chaotique et incohérente, il n’est tout simplement pas possible de former une représentation interne cohérente de l’objet (mémoire des sentiments) à son sujet. Lorsqu’il est séparé du partenaire intense, l’envie d’entrer en contact est généralement intense parce que c’est une mémoire de sentiment stable (ou objet interne) qui rend la séparation d’une autre personne importante tolérable en toute circonstance.
Deuxièmement. le survivant peut en venir à constater qu’il peut être presque impossible d’établir des relations avec qui que ce soit, même la famille ou les anciens amis, sauf de manière superficielle. Il existe un besoin biologique d’intensité qu’aucune relation normale ne pourra satisfaire. Cela donne le sentiment d’être totalement seul, et totalement vide. Au début, seul le fait de retourner vers l’agresseur primaire peut le surmonter. Il serait normal, dans cet état, de croire que quelque chose d’horriblement mauvais se passe en partant (même s’il semble tout aussi vrai que quelque chose d’horrible se passe en restant. Si l’on peut comprendre que l’abstinence d’une intensité non naturelle finira par rétablir une capacité relationnelle normale, la période de détresse pourra être mieux supportée.