Les tests ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) basés sur la glycoprotéine G du virus de l’herpès simplex 2 (HSV-2) ont démontré une sensibilité et une spécificité élevées dans la détermination de la séropositivité pour les anticorps du HSV-2 (force de recommandation : C, basée sur des études transversales).
Les tests ELISA non basés sur la glycoprotéine G sont également très sensibles, mais ils sont moins spécifiques pour le HSV-2 et sont sujets à des résultats faussement positifs en raison de la réactivité croisée avec les anticorps du HSV-1 (force de recommandation : C, basée sur des études transversales).
Les cultures anogénitales aléatoires ne sont pas sensibles pour diagnostiquer une infection par le HSV-2 (TABLEAU) (force de recommandation : B, basée sur l’extrapolation d’une étude de cohorte prospective bien conçue). Aucune étude n’a trouvé d’avantages orientés vers le patient pour le dépistage de l’infection par le HSV-2 chez les patients asymptomatiques.
Envisager de proposer ces tests aux patients à haut risque de coinfection par le HSV
Manjula Julka, MD
Université du Texas Southwestern, Dallas
On estime que 1,6 million de nouveaux cas d’herpès génital sont diagnostiqués chaque année. L’excrétion virale chez les patients asymptomatiques pose un grand défi pour contrôler sa transmission. Les anciennes méthodes de détection de l’infection par le HSV par des tests ELISA non basés sur la glycoprotéine G ne sont pas spécifiques et ne permettent pas de différencier le HSV-1 du HSV-2. Les tests sérologiques plus récents qui détectent les anticorps contre les glycoprotéines G1 et G2 du HSV sont disponibles pour une détection et un typage rapides de l’herpès génital. La sensibilité et la spécificité de ces tests sont également plus élevées que celles des anciens tests.
Bien que les directives de l’US Preventive Services Task Force (USPSTF) ne recommandent pas le dépistage systématique du HSV chez tous les patients, il est important que vous envisagiez de proposer ces tests aux patients présentant un risque élevé de coinfection par le HSV, comme ceux qui sont séropositifs. Des preuves de bonne qualité démontrent que le traitement antiviral systémique associé à l’utilisation du préservatif réduit efficacement l’excrétion virale et donc le risque de transmission génitale du HSV.
TABLE
Résumé des caractéristiques du test HSV
TEST | SN (%) | SP (%) | LR+ | COST (EST.) | DÉLAI DE RÉSULTAT |
---|---|---|---|---|---|
Culture génitale3 | 5* | 100 | NA† | $90 | 24 heures |
Western blot1,6 | 100 | 100 | >99‡ | $104 | 2 semaines |
Glycoprotéine G ELISA1,6 | 90-100 | 90-100 | 19‡ | $4-$20 | 1-2 semaines |
Non-glycoprotéine G ELISA1,6 | 95-100 | 60-85 | 3.5‡ | Non disponible | Non disponible |
* Calcul utilisant le développement des symptômes comme étalon-or. | |||||
† Spécificité=100%, donc rapport de vraisemblance=infini et valeur prédictive positive=1. | |||||
‡ LR calculé sur la base des médianes de sensibilité et de spécificité des sources citées dans le tableau. | |||||
SN, sensibilité ; SP, spécificité ; LR+, rapport de vraisemblance positif ; ELISA, dosage immuno-enzymatique. |
Résumé des preuves
Notre recherche documentaire n’a pas permis de trouver d’essais contrôlés randomisés comparant les tests de diagnostic de l’infection par le HSV-2 parmi les populations asymptomatiques. Des données provenant d’études transversales sont toutefois disponibles.
L’ELISA de la glycoprotéine G présente une meilleure spécificité
En utilisant la technique du Western blot comme étalon-or, un total de 158 échantillons de sérum provenant de patients présentant une infection par le HSV-1 ou le HSV-2 – sans mention de symptomatologie – ont été utilisés pour comparer les performances de plusieurs tests ELISA disponibles dans le commerce1. Les tests ELISA de la glycoprotéine G et de la non-glycoprotéine G se sont avérés avoir des sensibilités >90%, mais les tests ELISA de la non-glycoprotéine G avaient des spécificités inférieures à 90%.
Dans 47% à 82% des échantillons testés avec le test ELISA de la non-glycoprotéine G, il y avait une réactivité croisée entre les anticorps HSV-1 et HSV-2.1 Le College of American Pathologists a constaté que 46 % à 84 % des laboratoires utilisant des tests ELISA à la non-glycoprotéine G ont identifié à tort un échantillon de HSV-1 comme étant du HSV-2. Tous les laboratoires déclarant utiliser des tests ELISA à glycoprotéine G ont correctement identifié l’échantillon comme contenant uniquement des anticorps anti-HSV-1.2 Aucune des deux études n’a inclus de témoins, délimité le statut des symptômes ou mesuré les résultats orientés vers le patient.
La culture génitale a une faible sensibilité
Une étude de cohorte prospective a comparé l’excrétion virale par Western blot chez 52 patients séropositifs asymptomatiques et 90 patients séropositifs et symptomatiques.3 Des écouvillons génitaux quotidiens ont été effectués pendant 3 mois pour chaque patient. Les individus asymptomatiques ont eu des cultures positives pour le HSV-2 sur 3% des jours de culture.3 La culture génitale semble avoir une très faible sensibilité (5 %) pour le diagnostic de l’infection à HSV-2 chez les individus asymptomatiques.
Nous n’avons trouvé aucune étude mesurant les préjudices ou les avantages orientés vers le patient découlant du dépistage de l’infection à HSV-2 chez les individus asymptomatiques.
Recommandations d’autres organismes
L’USPSTF déconseille le dépistage sérologique systématique du HSV chez les adolescents et les adultes asymptomatiques (recommandation D, preuves moyennes ou bonnes que le service est inefficace ou que les inconvénients l’emportent sur les avantages).4 L’Association californienne des contrôleurs des maladies sexuellement transmissibles recommande que le dépistage sérologique est susceptible de bénéficier aux patients infectés par le VIH, à ceux dont les partenaires sexuels ont un herpès génital et aux personnes à haut risque de MST motivées pour réduire leur comportement sexuel à risque5.