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Vous êtes-vous déjà posé des questions sur Achille ? En tant que chirurgiens orthopédistes, nous évoquons fréquemment son nom en examinant le pied et la cheville. La plupart d’entre nous pensent qu’il s’agissait d’un héros grec mythologique (figure 1). En réalité, il se pourrait bien qu’il y ait eu un vrai guerrier thessalien, mythifié par la suite par son peuple semi-alphabète. L’histoire raconte que sa mère, Thétis, l’a rendu invulnérable en le plongeant dans le Styx alors qu’il était encore nourrisson. Le problème était qu’elle le tenait par les talons, qui n’étaient pas mouillés ; cela restait une partie vulnérable de son anatomie.

Achilles

Achilles devint un grand guerrier et tua Hector de Troie au combat. Le père d’Hector, Priam, a été souffert pour enlever le corps pour la crémation.Tout Troy a pleuré la mort. Lors de son dernier combat, aux portes mêmes de Troie, Pâris (guidé par le dieu Apollon) lança la flèche qui frappa mortellement Achille au niveau de son talon vulnérable (figure 2). Achille fut incinéré et ses cendres enterrées dans la même urne que celles de son ami Patrocle.2 C’était bien ainsi, car on disait qu’Achille et Patrocle partageaient l’amour qui n’ose pas dire son nom.3

La flèche fatale dans le talon d’Achille

Tout cela n’est-il que mythologie ? Pourrait-il y avoir au moins une correspondance minimale avec l’histoire réelle ? Les archéologues et historiens bibliques ont parlé de la théorie épique de l’histoire. L’histoire de Gilgamesh a précédé nos propres thèmes judéo-chrétiens et présente des similitudes frappantes. Heinrich Schliemann a fouillé le monticule de Hissarlik dans les Dardanelles en 1873, et a trouvé des preuves convaincantes qu’il s’agissait bien du site de l’ancienne Troie.4,5 Schliemann a également fouillé un tumulus ou un tertre qui aurait contenu les restes d’Achille. Ne trouvant pas d’ossements, il a conclu qu’il s’agissait en fait d’un cénotaphe ou d’un mémorial, plutôt que d’un véritable lieu de sépulture.6 Tout cela suscite encore intérêt et spéculation. Dans l’ensemble, il est facile de comprendre pourquoi une réflexion approfondie sur le sujet devrait être d’une importance capitale pour l’orthopédiste en exercice. Il ne faudrait surtout pas que l’un d’entre nous se retrouve dans la position de recommander une opération de la moelle épinière à un professeur de lettres classiques ou autre ! Le but de notre article est de commencer vos ruminations sur un sujet que vous pourriez être appelé à discuter !

Supposons qu’Achille, ou un prototype raisonnable, ait réellement existé. Comment une flèche tirée dans le talon pourrait-elle tuer quelqu’un, mortel ou immortel ? A première vue, il faut faire preuve d’imagination. Revenez alors à vos jours de cours de diagnostic physique et parcourez les catégories.

  1. Infectieux-La pointe de la flèche aurait pu être enduite de Clostridium perfringens, Yersenia pestis, ou autre. On sait que la guerre biologique était pratiquée au Moyen Âge. Vous souvenez-vous des récits de victimes de la peste projetées par-dessus les murs des villes à l’aide de catapultes (trébuchets) ?

    Hippocrate, pour qui nous disposons de récits de luxations chroniques de l’épaule soignées à l’aide d’un tisonnier de fer rouge inséré dans l’épaule, a-t-il tenté de réparer le tendon d’Achille ?7 Une infection post-opératoire de la plaie, suivie d’une gangrène et d’une ostéomyélite, a peut-être causé la mort d’Achille. Lister, pour toutes ses contributions à l’asepsie, n’était pas encore né.

    L’atélectasie s’est-elle installée alors qu’il était alité ? Pour autant que je sache, le spiromètre incitatif n’avait pas encore été inventé. Pas plus que les antibiotiques, pour la pneumonie qui s’ensuivit, d’ailleurs.

    Et que dire de sa dernière piqûre antitétanique ?

  2. Toxique : les indigènes d’Amérique du Sud chassent régulièrement avec des fléchettes trempées dans du curare.8 Et la toxine botulique ? Bulfinch affirme, sans l’attribuer à qui que ce soit ni donner plus de détails, que lorsque Pâris a tiré sur Achille dans le talon, c’était avec une flèche empoisonnée. Rappelez-vous maintenant Philoctète, fils de Poeas. Il a été mordu au pied par un serpent d’eau venimeux. La blessure s’est putréfiée et on dit que l’odeur (anaérobie) pouvait être sentie à des kilomètres à la ronde. Ici, cependant, le roi d’Ithaque, Ulysse (Ulysse) l’a sauvé et il a finalement été guéri.9

    La pointe de la flèche peut avoir été faite avec du métal. Ce métal était-il du plomb ?

  3. Métabolique-Achille souffrait-il d’hyperthyroïdie ? A l’époque d’avant Gull, dans les années 1800, on ne savait rien de la thyroïde. Peut-être que la douleur a provoqué une crise de thyroïde.

  4. Congénital-L’artère tibiale postérieure se trouve à proximité immédiate du tendon d’Achille. Bien que rien ne le suggère, peut-être qu’Achille a souffert d’une forme d’hémophilie et s’est vidé de son sang.

  5. Immunologique-La flèche a été fabriquée avec une multitude de matériaux. Achille peut avoir été allergique à l’un d’entre eux et avoir succombé à une anaphylaxie mortelle.

  6. Traumatique-Une embolie pulmonaire dans la période post-blessure pourrait être postulée. Il existe des précédents de traumatisme pour expliquer des événements historiques de la mythologie. Œdipe, lorsqu’il était bébé, a été attaché par les pieds et laissé pendu à un arbre jusqu’à ce qu’il soit sauvé par un paysan. Par la suite, on l’a appelé Œdipe, ou pied enflé. Il a évidemment survécu, mais a ensuite tué son père, couché sa mère et s’est arraché les yeux par remords. Une fois de plus, les anciens semblent avoir des difficultés en ce qui concerne les pieds.10

    N’oublions pas le syndrome des loges.

  7. Psychiatrique-Peut-être qu’Achille, ayant prouvé qu’il était un si grand guerrier et se retrouvant soudainement mutilé, a souffert d’une grave crise de dépression et n’a pu trouver la paix qu’en mettant fin à ses jours.

  8. Évolutionnaire-S’agissait-il d’un cas de darwinisme ? Ayant été blessé, incapable de bouger et donc, un organisme  » inapte « , il aurait tout aussi bien pu être tué sur le champ de bataille.11

En conclusion, il y avait un Troie antique, et aussi probablement un prototype mythologisé d’Achille. Pensez-y. La prochaine fois que vous voulez en remontrer à un collègue chirurgien orthopédiste, entamez tout simplement une conversation sur le pauvre Achille. C’est aussi un excellent sujet pour harceler d’innocents résidents en orthopédie, comme l’un d’entre nous (C.L.) l’a déjà appris !

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