Objectif : Il a été suggéré que des modifications du microbiote (dysbiose) augmentent le risque de plusieurs troubles psychiatriques par le biais de voies neurologiques, métaboliques et immunologiques. Notre objectif était d’évaluer si l’exposition à des groupes d’antibiotiques spécifiques augmente le risque de dépression, d’anxiété ou de psychose.
Méthode : Nous avons mené 3 études cas-témoins emboîtées au cours des années 1995-2013 en utilisant une grande base de données de dossiers médicaux de la population du Royaume-Uni. L’étude a inclus 202 974 patients souffrant de dépression, 14 570 d’anxiété et 2 690 de psychose et 803 961, 57 862 et 10 644 témoins appariés, respectivement. Les cas ont été définis comme des personnes âgées de 15 à 65 ans présentant un code de lecture médical quelconque pour la dépression, l’anxiété ou la psychose. Les sujets ayant des prescriptions de psychotropes spécifiques au diagnostic > 90 jours avant la date d’index ont été exclus. Pour chaque cas, 4 témoins ont été sélectionnés à l’aide d’un échantillonnage par densité d’incidence, en fonction de l’âge, du sexe, du lieu de pratique, de l’heure et de la durée du suivi avant la date de l’index. L’exposition primaire d’intérêt était le traitement avec 1 des 7 classes d’antibiotiques > 1 an avant la date de l’index. Les rapports de cotes (RC) et les IC à 95% ont été calculés pour l’association entre chaque trouble psychiatrique et l’exposition à des classes individuelles d’antibiotiques en utilisant une analyse de régression logistique conditionnelle. Le risque a été ajusté pour l’obésité, les antécédents de tabagisme, la consommation d’alcool, le statut socio-économique et le nombre d’événements infectieux avant le diagnostic.
Résultats : Le traitement avec une seule cure d’antibiotiques était associé à un risque plus élevé de dépression avec tous les groupes d’antibiotiques, avec un OR ajusté (AOR) de 1,23 pour les pénicillines (IC 95 %, 1,18-1,29) et de 1,25 (IC 95 %, 1,15-1,35) pour les quinolones. Le risque augmentait avec les expositions récurrentes aux antibiotiques pour atteindre 1,40 (IC 95 %, 1,35-1,46) et 1,56 (IC 95 %, 1,46-1,65) pour 2-5 et > 5 cures de pénicilline, respectivement. Une association similaire a été observée pour l’anxiété et était plus importante avec l’exposition aux pénicillines et aux sulfamides, avec un AOR de 1,17 (IC 95 %, 1,01-1,36) pour un seul traitement à la pénicilline et de 1,44 (IC 95 %, 1,18-1,75) pour > 5 traitements. Il n’y a pas eu de changement dans le risque de psychose avec les groupes d’antibiotiques. Il y avait une légère augmentation du risque de dépression et d’anxiété avec un seul cours d’antifongiques ; cependant, il n’y avait pas d’augmentation du risque avec des expositions répétées.
Conclusion : L’exposition récurrente aux antibiotiques est associée à un risque accru de dépression et d’anxiété, mais pas de psychose.