Le plus grand syndicat d’infirmières autorisées aux États-Unis – National Nurses United – décrit l’épuisement des infirmières comme « un épuisement physique, mental et émotionnel ». L’épuisement professionnel des infirmières entraîne une insatisfaction au travail et affecte les résultats pour les patients.
Une enquête menée en 2012 a révélé qu’environ un tiers des infirmières ont déclaré un score d’épuisement émotionnel (un calcul utilisé pour mesurer la fatigue psychologique) de 27 ou plus, reconnu par les professionnels de la santé comme un « épuisement élevé. » Dans une autre étude, 49 % des infirmières autorisées de moins de 30 ans ont connu des niveaux d’épuisement importants.
Mais pourquoi tant d’infirmières sont-elles au point de rupture ? Et comment les prestataires de soins de santé gèrent-ils ce problème ?.
Qu’est-ce qui cause l’épuisement des infirmières ?
Divers facteurs organisationnels influencent l’épuisement des infirmières, notamment la durée du temps passé au travail. Dans une étude, les infirmières autorisées du Michigan qui travaillaient des journées de 12 heures ont signalé des niveaux de stress plus élevés que les infirmières autorisées qui travaillaient des quarts de huit heures.
Comme le rôle d’une infirmière s’étend continuellement du chevet du patient à la salle d’attente et à la salle de réunion, le stress et l’agitation de la profession peuvent également s’intensifier. Les infirmières sont en première ligne des soins médicaux directs, de l’éducation médicale des autres, de la défense des besoins des patients et du réconfort des patients et de leurs familles. Ces responsabilités combinées peuvent facilement entraîner l’épuisement professionnel des infirmières.
Un facteur majeur impliqué dans le maintien de soins de haute qualité et à multiples facettes est de se familiariser avec les patients et leurs familles. Prendre le temps d’avoir des conversations émotionnellement éprouvantes avec les patients et les familles ajoute une affliction physiologique au poste déjà chaotique d’une infirmière. Cependant, pour que les soins aux patients restent la priorité, il est nécessaire que les infirmières s’investissent dans le bien-être de chaque patient. Malheureusement, ce type de soins attentifs peut mettre en jeu le propre bien-être de l’infirmière.
Les facteurs de stress diffèrent également en fonction du lieu. Dans une étude menée en Iran, 48 % des infirmières ont cité le fait de devoir assumer plusieurs rôles comme la principale cause de stress au travail, suivi par la dualité des rôles et l’environnement professionnel. Dans une étude indienne, 78 % des infirmières ont déclaré que le fait de ne pas terminer leur travail à temps leur causait un stress important, suivi par les maux de dos dus à la station debout pendant de longues heures et par le manque de personnel.
Aux États-Unis, la première cause de stress chez les infirmières est le travail en équipe – les pressions associées au travail en groupe, comme une mauvaise communication, les conflits et les tensions. Viennent ensuite les facteurs de stress liés aux circonstances professionnelles, comme les exigences de l’employeur et la satisfaction au travail. De plus, la pénurie d’infirmières est en train de devenir une épidémie, et on prévoit qu’elle ne fera qu’empirer d’ici 2025.
En plus de ces facteurs de stress courants, les infirmières peuvent être victimes d’épuisement professionnel en raison de leur désir inné de faire passer les autres avant elles-mêmes. De nombreux infirmiers et infirmières estiment que c’est leur vocation de s’occuper d’abord des autres, mettant en parallèle la profession avec l’altruisme. Malheureusement, lorsque les infirmières sont principalement motivées par leur désir d’aider les autres, plutôt que par le plaisir du travail lui-même, il est plus facile pour elles de s’épuiser. Les chercheurs ont constaté que les infirmières qui étaient motivées par le style de vie que leur procurait leur profession et par la possibilité d’interagir avec les patients étaient plus satisfaites de leur employeur et moins susceptibles de quitter leur emploi.
Les dangers de l’épuisement professionnel des infirmières
Quelle qu’en soit la cause, l’épuisement professionnel des infirmières a de lourdes conséquences. Des données de l’American Nurses Association suggèrent que le stress lié à de longues heures de travail, à des équipes tournantes et à des pauses peu fréquentes ralentit les temps de réaction, réduit la motivation et augmente les erreurs – autant de facteurs qui peuvent affecter les soins aux patients. L’épuisement professionnel des infirmières pourrait même augmenter les taux d’infection chez les patients. Par exemple, dans un hôpital de Pennsylvanie, des chercheurs ont montré une association entre la fatigue des infirmières due à l’augmentation de leur charge de travail et les problèmes de voies urinaires et de site chirurgical chez les patients.
L’épuisement professionnel des infirmières affecte également le niveau de satisfaction des patients. Une étude récente a révélé une corrélation positive entre le bonheur des patients et les infirmières qui bénéficiaient d’un soutien administratif adéquat et avaient de bonnes relations avec les médecins et les autres membres du personnel. En outre, ces infirmières étaient moins susceptibles de signaler un épuisement professionnel.
Récemment, une étude réalisée par Mercer, un consultant mondial en dotation de personnel de santé, a révélé qu’étant donné que la population américaine continue de vieillir, 2,3 millions de nouveaux travailleurs de la santé devront être embauchés d’ici 2025 pour satisfaire la demande. Le poste le plus rare dans le secteur des soins de santé ? Les aides-soignants et les infirmiers à domicile. D’ici 2025 également, Mercer prévoit un déficit de 446 300 aides-soignants à domicile et une pénurie combinée de 125 000 infirmiers auxiliaires et infirmiers praticiens. Si l’épuisement professionnel et le bien-être des infirmières continuent d’être négligés, ces estimations calculées deviendront réalité.
Le consultant principal de Mercer, Jason Narlock, explique : « Peu d’autres industries font la course contre la montre pour trouver une main-d’œuvre prête pour l’avenir comme les administrateurs de soins de santé d’aujourd’hui. » Une combinaison d’infirmières qui partent rapidement à la retraite et une quantité lamentable de nouveaux diplômés contribuent à la pénurie croissante.
« Lorsqu’il y a moins d’infirmières disponibles pour gérer un plus grand volume de patients, cela affecte négativement les résultats des patients en raison de l’épuisement des infirmières », poursuit Narlock. « Les patients sont plus susceptibles d’être réadmis dans les 30 jours suivant leur première consultation. Ils peuvent également présenter un risque plus élevé d’infection nosocomiale. »
Comment mesurer le bien-être
De nombreuses organisations investissent dans des méthodes permettant de mesurer le bien-être des infirmières. Par exemple, les prestataires de soins de santé effectuent des enquêtes régulières qui surveillent le bien-être de leur personnel. Ces questionnaires anonymes évaluent la santé mentale positive et les niveaux de stress, ce qui permet aux chercheurs d’avoir un aperçu précis de la psyché des infirmières. Parmi les autres moyens de suivre le bien-être du personnel infirmier figurent les groupes de discussion et les examens réguliers. Cependant, les infirmières peuvent être réticentes à discuter des pressions du travail avec un membre du personnel supérieur.
Les facteurs de stress professionnel sont courants dans un environnement médical et vont du manque de personnel aux pauses irrégulières. Aujourd’hui, les prestataires de soins de santé mesurent le bien-être des infirmières afin de s’attaquer aux facteurs qui affectent les soins aux patients. Il existe différents outils qui facilitent ce processus.
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