Lac de Genève | |
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Coordonnées | 46°26′N 6°33′E / 46.433, 6.55 |
Sources primaires | Rhône, Venoge, Dranse, Aubonne |
Débits primaires | Rhône |
Aire de captage | 7,975 km² (3,079 mi²) |
Pays du bassin | Suisse France |
Longueur maximale | 73 km (45 mi) |
Largeur maximale | 14 km (8.7 mi) |
Superficie | 582 km² (225 mi²) |
Profondeur moyenne | 154.4 m |
Profondeur maximale | 310 m |
Volume d’eau | 89 km³ |
Temps de séjour (de l’eau du lac) | 11.4 ans |
Élévation de la surface | 372 m |
Islandes | Ile de la Harpe, Ile de Peilz (îlots) |
Etablissements | voir liste |
Le lac Léman ou lac de Genève (français Lac Léman, le Léman, ou Lac de Genève) est le deuxième plus grand lac d’eau douce d’Europe centrale (après le lac Balaton). La rive sud du lac se trouve en France, avec les puissantes Alpes savoyardes et le Mont-Blanc un peu plus au sud. La rive nord, suisse, constitue le centre économique et culturel de la Suisse romande, centré sur Lausanne. Soixante pour cent du lac relève de la juridiction de la Suisse (cantons de Vaud, de Genève et du Valais), et quarante pour cent de la France (Haute-Savoie).
Le lac Léman est célèbre pour ses eaux profondes, bleues et remarquablement transparentes ; de nombreuses stations balnéaires et villas sont construites sur les rives du lac. La rive nord (suisse) est délimitée par des vignobles et des vergers en pente. Le lac est sujet à des seiches, des fluctuations de marée qui peuvent soudainement faire monter ou descendre le niveau du lac. Région d’une grande beauté scénique, le lac Léman a été une source d’inspiration pour de nombreux artistes et écrivains, notamment Rousseau et Byron.
Géographie
Le lac Léman se trouve sur le cours du fleuve Rhône. Le fleuve prend sa source au glacier du Rhône près du col du Grimsel, à l’est du lac, et descend à travers le canton du Valais, entrant dans le lac entre Villeneuve et Saint-Gingolph, avant de s’écouler lentement vers l’ouest en direction de sa sortie à Genève. D’autres affluents sont La Dranse, L’Aubonne, La Morges, Venoge, et Veveyse.
Formé par le retrait d’un glacier, le lac a la forme d’un croissant, se rétrécissant autour d’Yvoire sur la rive sud, et peut être divisé en Grand Lac à l’est et Petit Lac à l’ouest.Environ 8,7 pour cent de la population de la Suisse (650 700) vit dans la région du lac Léman. La ville la plus peuplée du lac est Genève (185 526), et la deuxième est Lausanne (128 302).La rive entre Nyon et Lausanne s’appelle La Côte, et entre Lausanne et Vevey elle s’appelle Lavaux.
Nom
Le premier nom enregistré du lac est Lacus Lemannus de l’époque romaine ; il devient Lacus Lausonius, Lacus Losanetes puis le Lac de Lausanne au Moyen Âge. Après l’essor de Genève, il est devenu le lac de Genève (également traduit en anglais par « Lake Geneva »). Au XVIIIe siècle, le lac Léman a été remis au goût du jour en français. Il était autrefois appelé Lac de Genève à Genève et Lac Léman ailleurs mais le nom usuel en français est maintenant Lac Léman. Certaines cartes nomment le lac le lac d’Ouchy (du nom du port situé sur la rive lausannoise du lac).
En anglais, le nom Lake Geneva est prédominant.
Note sur la prononciation (en alphabet phonétique international)-
Anglais : Lac Léman /leɪk dʒə’ni:və/ français : Lac Léman /lak le’mɑ̃/ ou Lac de Genève /lak də ʒe’nɛv/ Allemand : Genfersee ou Genfer See /’gɛnfərˌze:/ Italien : Lago Lemano, Lago di Ginevra /’lago di dʒi’nevra/.
Sonnet au lac Leman
Leman ! ces noms sont dignes de ton rivage,
Thy shore of names like these ! si tu n’étais plus,
leur souvenir que ton souvenir rappellerait:
Pour eux tes rives étaient belles comme pour tous,
mais ils les ont rendues plus belles, car le savoir
des esprits puissants sanctifie au coeur
des coeurs humains la ruine d’un mur
où habitaient les sages et les merveilleux ; mais par toi
Combien plus, lac de beauté ! sentons-nous,
En glissant doucement sur ta mer de cristal,
L’éclat sauvage de ce zèle non sans douceur,
Qui des héritiers de l’immortalité
S’enorgueillit, et rend réel le souffle de la gloire !George Gordon, Lord Byron
Histoire
Les Romains
Les premières tribus celtes qui vivaient dans la région du lac Léman n’ont laissé aucun document écrit. L’histoire écrite du lac Léman commence avec l’occupation romaine de la Suisse en 58 avant notre ère, lorsque Jules César a vaincu les Helvètes celtes et les a obligés à retourner chez eux en Suisse au lieu de s’installer dans le sud de la France. Les Romains ont occupé la région connue aujourd’hui sous le nom de Suisse jusqu’au Rhin, et ont établi leur quartier général militaire à Avenches (Aventicum), qui n’est aujourd’hui qu’un petit village. Les Romains ont fondé les deux principales villes de la région du lac Léman, Genève et Lausanne. Lorsque le christianisme s’est répandu dans l’Empire romain, Genève est devenue le siège d’un évêque.
Les Burgondes
Vers 400 de notre ère, plusieurs tribus germaniques ont ouvert des brèches dans les fortifications romaines et conquis la partie occidentale de l’Empire romain. Les Francs se sont installés dans ce qui est aujourd’hui le nord de la France, et les Burgondes se sont installés dans l’ouest de la Suisse et en Bourgogne (sud-est de la France). Les deux tribus parlaient à l’origine l’ancien allemand, mais ont appris le latin car elles étaient désireuses d’assimiler la culture romaine, développant finalement la langue française.
Les ducs de Savoie
Vers 800 de notre ère, l’empereur français Charlemagne unifie la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse et met en place une administration basée sur des ducs et des comtes. Les comtes de Kyburg (un château près de Winterhur, en Suisse orientale) ont pu prendre le contrôle d’un vaste territoire allant du lac de Constance (nord-est de la Suisse) au lac Léman. Le dernier comte de Kyburg est mort sans héritier, ce qui a déclenché un désaccord entre le comte Rudolf Habsbourg (qui deviendra plus tard roi d’Allemagne) et le comte Pierre Ier de Savoie. En 1266, la Savoie conquiert la région de Vaud au nord du lac Léman. En raison de l’importance croissante des Savoie et de leur contrôle stratégique des routes commerciales alpines, l’empereur allemand accorde le titre de duc aux comtes de Savoie.
La ville de Genève est un objet constant de disputes entre l’évêque de Genève, les comtes de Genève et les comtes de Savoie. Le droit de souveraineté sur Genève fut accordé à l’évêque en 1124, puis en 1219, mais la situation politique y était toujours instable. En 1263, les citoyens de Genève s’allient au comte Pierre II de Savoie car ils estiment que les comtes de Savoie sont les mieux placés pour garantir la protection du commerce et des routes menant à Genève. En 1285, le comte Amadée V de Savoie devient protecteur de la ville de Genève. En 1355, les ducs de Savoie prennent le contrôle du Faucigny et de Gex sous et en 1358, le comte de Genève devient vassal du duc de Savoie. Les citoyens de Genève craignent désormais la puissance de la Savoie et deviennent des partisans de l’évêque de Genève. En 1387, l’évêque Adhemar Favre confirme à nouveau la souveraineté traditionnelle de l’évêque sur la ville.
En 1519, le duc Charles III de Savoie occupe Genève avec ses troupes pour prévenir un pacte négocié par un groupe de ses citoyens, les « Eydguenots », avec la ville de Fribourg. Un autre pacte en 1526, entre les citoyens de Genève et de Fribourg et Berne, a provoqué une attaque du duc Charles III de Savoie en 1530. Genève est assiégée par 10 000 soldats, et Berne, Fribourg, Soleure, Bienne, Neuchâtel et Payerne lui viennent en aide. Les citoyens de Genève rejettent alors la souveraineté des ducs de Savoie et de l’évêque de Genève, et forment un conseil général, un conseil ordinaire et quatre syndics pour prendre en charge les affaires de la ville. Charles III de Savoie refuse de renoncer à sa souveraineté sur Genève, et en 1534, il tente d’isoler la ville en bloquant toutes ses voies d’approvisionnement. En 1536, alors que Charles III de Savoie et ses troupes se trouvent en Italie du Nord pour faire face à l’instabilité politique qui y règne, Berne conquiert le comté de Vaud. Les autres confédérés suisses craignent que Berne ne soit devenu trop fort et concluent un accord avec la Savoie. Les traités de Lausanne (1564) et de Thonon (1569) rétablissent la souveraineté des ducs de Savoie sur Ternier, Thonon, le pays de Gex et d’Évian, et la vallée d’Abondance, dans les régions situées au sud/ouest du lac Léman.
La Réforme et le calvinisme
En 1532, les citoyens de Genève résistent à une tentative du luthérien Guillaume Farel d’établir une réforme protestante. En 1533, il revient à Genève sous la protection de Berne, qui menace de retirer son soutien aux ducs de Savoie s’ils continuent à rejeter la Réforme. L’évêque de Genève, qui sympathise avec les ducs de Savoie, est banni. En 1536, après avoir été expulsé de Paris, le juriste français Jean Calvin (1509-1564) passe par Genève et est persuadé par Farel de rester et de l’assister. Avec Farel, Calvin tente d’instaurer un certain nombre de changements dans la gouvernance et la vie religieuse de la ville. Ils rédigent un catéchisme et une confession de foi, qu’ils insistent sur le fait que tous les citoyens doivent affirmer. Le conseil municipal refuse d’adopter le credo de Calvin et Farel et, en janvier 1538, leur refuse le pouvoir d’excommunier, un pouvoir qu’ils considèrent comme essentiel à leur travail. Les deux hommes répondent par un refus général de la cène à tous les Genevois lors des offices de Pâques. Pour cela, le conseil municipal les a expulsés de la ville. Farel mourut à Neuchâtel ; en 1541, après qu’un certain nombre de ses partisans aient été élus au conseil municipal de Genève, Calvin fut rappelé à Genève et continua son travail dans l’église de la ville.
En 1602, le duc Charles Emmanuel de Savoie fit une fois de plus un effort pour conquérir la ville de Genève. Selon une ancienne ballade, Cé qu’è lainô, les troupes savoyardes tentèrent d’utiliser des échelles noires pour escalader les murs de la ville de Genève pendant la nuit, mais furent repoussées grâce à deux femmes courageuses, Mère Royaume et Dame Piaget, qui découvrirent les assaillants. Chaque année, en décembre, les Genevois célèbrent leur triomphe sur les ducs de Savoie.
Révolution et Confédération helvétique
En 1798, lors d’une révolution soutenue par la France, les combattants de la liberté vaudois prennent le contrôle des domaines lacustres de Berne et des centres agricoles. Napoléon a officiellement créé un nouveau canton à partir de ce territoire, et en 1803, il a rejoint la Confédération suisse. La région conserve son héritage français et présente des différences culturelles et des attitudes politiques marquées par rapport à la Suisse orientale germanophone.
Aujourd’hui, Genève, autrefois un refuge pour les libres penseurs de toute l’Europe, est connue comme un centre diplomatique et commercial international. Lausanne a une grande population de jeunes et est connue pour sa culture et son énergie.
Dans les années 1960, le lac Léman avait cessé d’être une artère de transport pour les matériaux commerciaux et de construction. À la fin des années 1960, la pollution rendait dangereuse la baignade sur certaines plages du lac ; les touristes qui faisaient un tour dans le sous-marin local avaient une visibilité quasi nulle. Dans les années 1980, la pollution environnementale intense (eutrophisation) avait presque fait disparaître tous les poissons. Aujourd’hui, les niveaux de pollution ont été considérablement réduits et il est possible de se baigner en toute sécurité dans le lac. Les principales activités de loisirs sont la voile, la planche à voile, la navigation de plaisance (y compris le ski nautique et le wakeboard), l’aviron, la plongée sous-marine et la baignade.
Tourisme
Le tourisme est une source importante de revenus. Le Mont Blanc, le plus haut sommet d’Europe occidentale (4807 m), peut être vu depuis le centre-ville de Genève, et Montreux et la ville voisine de Vevey ont une vue imprenable sur les Alpes françaises par-delà l’eau. Les voyageurs peuvent profiter de promenades panoramiques en train autour des rives, ou profiter de l’excellent service de bateaux du lac.
La région du lac Léman compte près de cent châteaux, dont dix-huit sont ouverts au public. Grandson, sur les rives du lac de Neuchâtel, est l’une des plus grandes fortifications de Suisse. Autre château légendaire, le Château de Chillon, sur une île du lac près de Montreux. Construit par les ducs de Savoie au XIIIe siècle pour contrôler le passage du col du Grand-Saint-Bernard, le château est dans un état de conservation remarquable. Lord Byron, inspiré par un épisode historique impliquant l’emprisonnement de Bonivard au XVIe siècle, a écrit le célèbre poème « Le Prisonnier de Chillon » :
Le lac Léman s’étend près des murs de Chillon:
Mille pieds de profondeur en dessous
Ses eaux massives se rencontrent et coulent….
Il y a sept piliers de moule gothique,
Dans les donjons de Chillon profonds et vieux,
Il y a sept colonnes massives et grises,
Dimées d’un morne rayon emprisonné,Un rayon de soleil qui a perdu son chemin….
La région lémanique abrite également quatre-vingts musées sur la biologie, l’archéologie, l’histoire, les personnages clés, les beaux-arts, l’industrie, l’artisanat, l’art déco, les transports, les Jeux olympiques et l’histoire des châteaux. Des ruines romaines, des amphithéâtres, des châteaux, des églises, des monuments et quelque 200 sites archéologiques commémorent l’histoire de la région.
La beauté des paysages de la région, avec ses vues plongeantes sur les montagnes et ses vignobles en terrasses, inspire les visiteurs depuis des siècles. Les musiciens Tchaïkovski, Stravinsky et Clara Haskil, ainsi que le peintre Gustave Courbet, y ont séjourné. Des écrivains comme Lord Byron, Rousseau, Voltaire, Goethe, Dickens, Tolstoï et Simenon ont passé des vacances dans la région et y ont trouvé l’inspiration pour leurs œuvres. Mary Shelley a écrit la première version de Frankenstein alors qu’elle séjournait avec son mari, Percy Shelley, et Byron, dans une villa sur les rives du lac de Genève. Charlie Chaplin y a vécu les vingt-quatre dernières années de sa vie, et les acteurs Audrey Hepburn et David Niven y ont également vécu.
Le 2 juin 2007, la région de Lavaux a reçu la désignation d’un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, dans la catégorie des paysages culturels, en reconnaissance de la beauté de ses vignobles, terrasses et villages face aux Alpes et au lac Léman. La région est souvent appelée les « Trois soleils » pour les éléments de ses paysages scéniques, le ciel, le lac et les murs.
- Cottret, Bernard. 2000. Calvin : une biographie. Grand Rapids, MI : W.B. Eerdmans Pub. Co. ISBN 0802842895
- Gallay, Alain et Jérôme Bullinger. 2006. Des Alpes au Léman : images de la préhistoire. Gollion : Infolio. ISBN 2884741259
- Rosenblatt, Helena. 1997. Rousseau et Genève du premier discours au contrat social, 1749-1762. Cambridge : Cambridge University Press. ISBN 0511002815
- Shelley, Mary Wollstonecraft et Percy Bysshe Shelley. 1817. Histoire d’un voyage de six semaines à travers une partie de la France, de la Suisse, de l’Allemagne et de la Hollande avec des lettres descriptives d’une navigation autour du lac de Genève, et des glaciers de Chamouni. Londres : T. Hookham, Jun.
- Simonis, Damien, Sarah Johnstone, Lorne Jackson, et Mark Honan. 2003. Switzerland. Melbourne, VIC : Lonely Planet. ISBN 174059228X
- Teller, Matthew et Kev Reynolds. 2000. The Rough Guide to Switzerland. Londres : Rough Guides. ISBN 1858285380
Tous les liens ont été récupérés le 22 janvier 2020.
- Commission internationale pour la protection du lac Léman (CIPEL)
- Lac Léman & Vaud Lonely Planet
- Lac Léman / Lac Léman / Genfersee
- Lac Léman MySwitzerland.com
Crédits
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- Histoire du lac de Genève
- Histoire de William_Farel
- Histoire de John_Calvin
L’historique de cet article depuis son importation dans la Nouvelle Encyclopédie du Monde :
- Histoire du « lac de Genève »
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