Horatio Herbert Kitchener, 1er comte Kitchener, en entier Horatio Herbert Kitchener, 1er comte Kitchener de Khartoum et de Broome, également appelé vicomte Broome de Broome, baron Denton de Denton, baron Kitchener de Khartoum et d’Aspall (à partir de 1898), et vicomte Kitchener de Khartoum, du Vaal et d’Aspall (à partir de 1902), (né le 24 juin 1850 près de Listowel, dans le comté de Kerry, en Irlande – mort le 5 juin 1916 en mer au large des îles Orcades), maréchal britannique, administrateur impérial, conquérant du Soudan, commandant en chef pendant la guerre d’Afrique du Sud et (peut-être son rôle le plus important) secrétaire d’État à la guerre au début de la Première Guerre mondiale (1914-18). Il a alors organisé des armées à une échelle sans précédent dans l’histoire britannique et est devenu un symbole de la volonté nationale de victoire.
Éduqué à la Royal Military Academy, Woolwich, Kitchener est commissionné dans le Royal Engineers, et à partir de 1874, il sert au Moyen-Orient. En 1886, il est nommé gouverneur (à Sawākin, au Soudan) des territoires britanniques de la mer Rouge, puis il est affecté en Égypte comme adjudant général au Caire. Son énergie et sa rigueur lui valent d’être nommé sirdar (commandant en chef) de l’armée égyptienne en 1892. Le 2 septembre 1898, il écrasa les forces soudanaises d’al-Mahdī, séparatistes sur le plan religieux et politique, lors de la bataille d’Omdurman, puis occupa la ville voisine de Khartoum, qu’il reconstruisit comme centre du gouvernement anglo-égyptien au Soudan. Sa réputation en Grande-Bretagne a été renforcée par sa gestion ferme, pleine de tact et réussie (à partir du 18 septembre 1898) d’une situation explosive à Fashoda (aujourd’hui Kodok), où le corps expéditionnaire de Jean-Baptiste Marchand tentait d’établir la souveraineté française sur certaines parties du Soudan. (Voir Incident de Fashoda.) Il est créé baron Kitchener en 1898.
Après un an comme gouverneur général du Soudan, Kitchener entre dans la guerre d’Afrique du Sud (guerre des Boers) en décembre 1899 comme chef d’état-major du maréchal Sir Frederick Sleigh Roberts, auquel il succède comme commandant en chef en novembre 1900. Au cours des 18 derniers mois de la guerre, Kitchener combat la résistance de la guérilla par des méthodes telles que l’incendie de fermes boers et l’enfermement des femmes et des enfants boers dans des camps de concentration rongés par la maladie. Ces mesures impitoyables, et la construction stratégique par Kitchener d’un réseau de blockhaus à travers le pays pour localiser et isoler les forces des Boers, affaiblissent progressivement leur résistance.
À son retour en Angleterre après la victoire britannique dans la guerre, il est créé vicomte Kitchener (juillet 1902) et est envoyé comme commandant en chef en Inde, où il réorganise l’armée afin de faire face à une éventuelle agression extérieure plutôt qu’à une rébellion intérieure, qui était auparavant la principale préoccupation. Sa querelle avec le vice-roi des Indes, Lord Curzon, au sujet du contrôle de l’armée en Inde prend fin en 1905 lorsque le cabinet britannique donne raison à Kitchener et que Curzon démissionne. Resté en Inde jusqu’en 1909, Kitchener est amèrement déçu de ne pas être nommé vice-roi. En septembre 1911, il accepte la proconsulat d’Égypte et, jusqu’en août 1914, il dirige ce pays et le Soudan. La protection des paysans contre la saisie de leurs terres pour dettes et la promotion de la culture du coton sont ses principales préoccupations. Ne tolérant aucune opposition, il était sur le point de déposer l’hostile khédive ʿAbbās II (Ḥilmī) d’Égypte lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté.
Kitchener, qui était en congé en Angleterre et venait de recevoir un comté et un autre vicomté et une baronnie (juin 1914), accepta à contrecœur une nomination au cabinet comme secrétaire d’État à la guerre et fut promu maréchal. Il prévient ses collègues, dont la plupart s’attendent à une guerre courte, que le conflit sera tranché par les derniers 1 000 000 d’hommes que la Grande-Bretagne peut lancer dans la bataille. Enrôlant rapidement un grand nombre de volontaires, il les fait former comme des soldats professionnels pour une succession d' »armées Kitchener » entièrement nouvelles. À la fin de 1915, il était convaincu de la nécessité de la conscription militaire, mais il ne l’a jamais défendue publiquement, par déférence pour le Premier ministre Herbert H. Asquith qui pensait que la conscription n’était pas encore politiquement réalisable.
Dans son recrutement de soldats, la planification de sa stratégie et la mobilisation de l’industrie, Kitchener était handicapé par les processus gouvernementaux britanniques et par son propre dégoût pour le travail d’équipe et la délégation de responsabilités. Ses associés au sein du cabinet, qui ne partageaient pas l’idolâtrie publique de Kitchener, l’ont relevé de ses responsabilités, d’abord pour la mobilisation industrielle, puis pour la stratégie, mais il a refusé de quitter le cabinet. Sa carrière s’achève brutalement, par une noyade, lorsque le croiseur HMS Hampshire, qui le transportait en mission en Russie, est coulé par une mine allemande.