En 1787, les Ottomans exigent des Russes qu’ils évacuent la Crimée et abandonnent leurs possessions près de la mer Noire, ce que la Russie considère comme un casus belli. La Russie a déclaré la guerre le 19 août 1787, et les Ottomans ont emprisonné l’ambassadeur russe, Yakov Bulgakov. Les préparatifs ottomans étaient insuffisants et le moment était mal choisi, car la Russie et l’Autriche étaient maintenant en alliance.
L’Empire ottoman a ouvert son offensive en attaquant deux forteresses près de Kinburn, dans le sud de l’Ukraine. Le général russe Alexandre Souvorov a repoussé ces deux attaques ottomanes par voie maritime en septembre et octobre 1787, sécurisant ainsi la Crimée. En Moldavie, les troupes russes capturent les villes ottomanes de Chocim et de Jassy. Ochakov, à l’embouchure du Dniepr, tombe le 6 décembre 1788 après un siège de six mois mené par le prince Grigori Potemkin et Souvorov. Tous les civils des villes capturées sont massacrés sur ordre de Potemkine.
Bien que subissant une série de défaites contre les Russes, l’Empire ottoman trouve quelques succès contre les Autrichiens, dirigés par l’empereur Joseph II, en Serbie et en Transylvanie.
En 1789, l’Empire ottoman est repoussé en Moldavie par les forces russes et autrichiennes. Pour aggraver les choses, le 1er août, les Russes sous Suvorov atteignent une victoire contre les Ottomans dirigés par Osman Pasha à Focsani, suivie d’une victoire russe à Rymnik (ou Rimnik) le 22 septembre, et les chassent de près de la rivière Râmnicul Sărat. Suvorov a reçu le titre de comte Rymniksky à la suite de la bataille. Les Ottomans subissent de nouvelles pertes lorsque les Autrichiens, sous les ordres du général Gideon E. von Laudon, repoussent une invasion ottomane en Croatie, tandis qu’une contre-attaque autrichienne prend Belgrade.
Une révolte grecque, qui épuise davantage l’effort de guerre ottoman, entraîne une trêve entre l’Empire ottoman et l’Autriche. Pendant ce temps, les Russes poursuivent leur progression lorsque Souvorov s’empare de la forteresse ottomane d’Ismaïl, à l’entrée du Danube, réputée « impénétrable », en décembre 1790. Une ultime défaite ottomane à Machin (9 juillet 1791), associée aux inquiétudes des Russes concernant l’entrée en guerre de la Prusse, conduit à une trêve convenue le 31 juillet 1791. Après la prise de la forteresse, Souvorov marcha sur Constantinople (l’actuelle Istanbul), où les Russes espéraient pouvoir établir un empire chrétien. Toutefois, comme l’indique le professeur Timothy C. Dowling, les massacres commis dans la période qui a suivi ont quelque peu entaché la réputation de Souvorov aux yeux de beaucoup, et l’on a prétendu à l’époque qu’il était ivre lors du siège d’Ochakov. Des rumeurs persistantes sur ses actions ont été répandues et ont circulé, et en 1791, il a été relocalisé en Finlande.