Genre et expression émotionnelle

Article principal : Nature versus nurture

L’hypothèse sociale-développementale est l’un des principaux arguments en faveur de l’impact de la nurture sur l’expression émotionnelle. La théorie sociale-développementale explique les différences entre les sexes dans l’expression des émotions en mettant l’accent sur  » le rôle actif des enfants dans leur développement de comportements sexués « , en apprenant en regardant les adultes ou en interagissant avec leurs parents et leurs pairs (Chaplin & Aldao, 2012). Cette hypothèse met en avant le fait que les nourrissons ne naissent pas avec les mêmes différences d’expression émotionnelle et que les différences de genre s’accentuent généralement avec l’âge des enfants. Dans une méta-analyse réalisée en 2012 par Tara M. Chaplin et Amelia Aldao, les chercheurs ont examiné les différences entre les sexes dans l’expression des émotions de la période de la petite enfance à l’adolescence afin de déterminer l’impact du développement et de l’âge sur les différences entre les sexes. Leurs conclusions soutiennent l’idée que les facteurs sociaux du développement de l’enfant jouent un rôle important dans les différences entre les sexes qui apparaissent plus tard, car « les différences entre les sexes n’ont pas été trouvées dans la petite enfance… mais elles sont apparues dans la période de la petite enfance/préscolaire et dans l’enfance ». Une explication possible de cette différence de développement vient des parents de l’enfant. Dans de nombreuses cultures occidentales, par exemple, les parents discutent et expriment un plus large éventail d’émotions avec leurs filles qu’avec leurs fils. Lorsque les enfants grandissent, ces modèles se poursuivent avec leurs pairs.

Le deuxième argument majeur en faveur des influences sociales sur l’expression des émotions implique l’idée que les rôles sexuels d’une société renforcent les différences entre les sexes. La théorie constructionniste sociale affirme que les enfants grandissent dans le contexte des rôles de genre qui les placent naturellement dans des situations spécifiques aux rôles, influençant leur expression des émotions dans ce contexte. Dans les sociétés hétéronormatives, les stéréotypes de genre font que les femmes sont censées réprimer la colère et le mépris, mais exprimer d’autres émotions par des mots et des expressions faciales. Simultanément, ces mêmes normes culturelles découragent les hommes d’exprimer verbalement leurs émotions, à l’exception de la colère ou du mépris (Wester, Pressly, & Heesacker, 2002). En tant que caractéristique adaptative, la régulation de l’expression des émotions implique la prise en compte des exigences sociales de toute situation donnée. Des études ont montré que « moins de différences entre les sexes dans l’expression des émotions peuvent être trouvées lorsque les enfants sont avec quelqu’un en qui ils ont confiance et qu’ils connaissent bien que lorsque les enfants sont avec une personne non familière » (Chaplin & Aldao, 2012). En général, les gens sont formés pour se comporter d’une manière « socialement acceptable » autour des étrangers ou des connaissances, ce qui suggère que le contexte social d’un environnement peut façonner les niveaux d’expression des émotions.

Les facteurs biologiques jouent également un rôle dans l’influence de l’expression des émotions. Un argument biologique central est lié aux différences cognitives entre les sexes. Dans une étude de 2008 utilisant l’imagerie magnétique fonctionnelle de raisonnement (IRMf) pour suivre l’activité cérébrale des participants, les chercheurs ont constaté que les hommes et les femmes diffèrent dans les réponses neuronales lorsqu’ils éprouvent des émotions négatives. « Par rapport aux femmes, les hommes ont montré des augmentations moins importantes dans les régions préfrontales qui sont associées à la réappréciation, des diminutions plus importantes dans l’amygdale, qui est associée à la réponse émotionnelle, et un engagement moindre des régions striatales ventrales, qui sont associées au traitement de la récompense » (McRae, Ochsner, Mauss, Gabrieli, & Gross, 2008). La façon dont les cerveaux masculins et féminins répondent aux émotions a probablement un impact sur l’expression de ces émotions.

Les racines biologiques des différences entre les sexes interagissent avec l’environnement social de diverses manières. Les théoriciens biologiques proposent que les femmes et les hommes ont des différences innées qui existent à la naissance, mais qui se déploient avec l’âge et la maturation en réponse aux interactions avec leurs environnements spécifiques (Chaplin & Aldao, 2012). Un argument important en faveur de ce point de vue est que « les différences entre les sexes dans l’expression des émotions sont le résultat d’une combinaison de prédispositions tempéramentales d’origine biologique et de la socialisation des garçons et des filles à adopter des règles d’affichage liées au sexe pour l’expression des émotions ». Il a été suggéré que même les bébés de sexe masculin présentent des niveaux d’activité et d’excitation plus élevés que les bébés de sexe féminin, ainsi qu’une plus faible capacité de contrôle du langage et du comportement, qui sont des caractéristiques biologiques. Cet argument de la « nature » interagit avec celui de la « culture » dans la mesure où « les parents et autres agents de socialisation peuvent répondre aux garçons en atténuant l’expressivité émotionnelle… afin de réguler leurs niveaux élevés d’excitation émotionnelle et d’activité ». D’autre part, les filles sont encouragées à utiliser leur vocabulaire et leurs compétences de communication plus élevés pour exprimer verbalement leurs émotions aux parents et aux autres adultes, ce qui mettrait également en évidence les différences d’expression entre les sexes.

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