Des crackers de kale et du thé à l’hibiscus : Mes cinq jours de « régime de jeûne »

LOS ANGELES – La boîte est jolie, épurée et blanche. Mais elle est si petite.

J’ai décidé d’essayer le régime ProLon – cinq jours de « jeûne imitatif » qui est censé m’aider à perdre du poids, à tailler la graisse du ventre, à faire baisser mes taux de cholestérol et de glucose dans des zones plus saines, et même à ralentir le vieillissement. J’ai fait des recherches sur la science derrière le jeûne – consultez mon article complet sur ce sujet ici – alors je suis impatient de l’essayer moi-même.

Mais la boîte est si petite. Pas beaucoup plus grande qu’une boîte à chaussures, elle contient toute la nourriture et les boissons, autres que l’eau, que je recevrai pendant cinq jours. Je passe en revue les paquets d’apparence futuriste – et minuscules – d’olives et de soupes lyophilisées, de chips de chou frisé et de barres de noix. J’aime tellement la nourriture. Je suis un peu inquiète.

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Le régime consiste en un mélange ultra-pauvre en calories de protéines, de glucides, de graisses et de nutriments qui est censé tromper le corps en lui faisant croire qu’il jeûne, mais avec moins d’inconfort ou de risques qu’un véritable jeûne à l’eau uniquement. C’est ce qu’affirme son inventeur, le biochimiste Valter Longo, directeur du Longevity Institute de l’Université de Californie du Sud.

Il a lancé une société, L-Nutra, pour commercialiser ce régime ; il est vendu 300 dollars par boîte ou 750 dollars pour trois boîtes, si vous êtes enclin à répéter le jeûne de cinq jours tous les quelques mois. (L-Nutra a fourni gratuitement une boîte à STAT.)

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Le jeûne, selon Longo, pousse le corps à brûler les graisses, rajeunit les cellules et réduit les facteurs de risque pour une foule de maladies. J’ai lu les études scientifiques et il y a de nombreuses preuves que le jeûne peut avoir de grands avantages pour les animaux de recherche, comme les souris du laboratoire de Longo.

Les preuves des avantages pour les humains, cependant, sont plus spéculatives. Des études à court terme ont montré que le jeûne peut améliorer certains points de données chez les sujets humains (comme la réduction du taux de cholestérol), mais il n’y a pas encore de preuve que ces améliorations sont durables à long terme – ou qu’elles conduiront à des avantages cliniques tels que moins de crises cardiaques ou une vie plus longue.

Il n’y a pas non plus de preuve que le mélange particulier d’aliments de Longo fonctionne mieux que tout autre régime hypocalorique ou régime de jeûne intermittent.

J’y vais donc armée de scepticisme… mais aussi, d’une grande curiosité. Mère de deux enfants et âgée d’une quarantaine d’années, je ne suis pas techniquement en surpoids mais j’ai un bon 15 ou 20 livres de plus que mon poids idéal. Je veux savoir quel effet le régime aura sur ma santé.

Egalement, si j’aurai la volonté de m’y tenir.

JOUR 1 : PAS DE PETIT-DÉJEUNER AU LIT

La plupart des gens peuvent choisir n’importe quelle période de cinq jours pour le régime, afin d’éviter les grands événements sociaux ou les activités sportives intenses. Mais je dois suivre le régime pendant cinq jours précis parce que je dois faire des analyses de sang immédiatement avant et après pour évaluer les effets du régime sur mon organisme. (Je fais faire les tests à l’USC, de sorte que Longo puisse en tirer les résultats, mais c’est STAT qui paie les travaux de laboratoire). En raison d’une mauvaise planification de ma part, le premier jour de mon jeûne tombe le jour de la fête des mères.

Donc le seul jour de l’année où j’ai normalement droit à un petit-déjeuner au lit, je n’ai rien. Ce qui me rend grincheux. Je me fais une tasse de thé à la menthe verte. Mon petit-déjeuner sera une « L-Bar » – une barre à base de noix de 280 calories. Comme nous allons faire une randonnée, je décide d’attendre pour manger la barre au cas où j’aurais faim pendant la sortie. Ce n’est pas un bon début.

J’ouvre la barre en milieu de matinée, pendant la randonnée. C’est délicieux. Mélange de beurre de noix de macadamia, de farine d’amande et de noix de coco, elle a le goût d’un dessert. J’en mange la moitié, lentement, et je garde le reste pour plus tard.

Je suis de plus en plus grognon. Je commence aussi à avoir un mauvais mal de tête. Je pense que c’est parce que je n’ai pas pris de caféine, mais le nutritionniste de recherche de l’USC, Mahshid Shelehchi, qui supervise mon jeûne, me dit qu’il est normal d’avoir mal à la tête pendant le jeûne. Même les non-buveurs de café en ont.

Le déjeuner est une soupe à la tomate que je passe au micro-ondes, des olives et des crackers de chou frisé et de graines avec un coup de poivre. C’est très bon. Ma collation de l’après-midi est une autre barre de noix – je pourrais m’y habituer, je pense – et un thé à la menthe verte et au citron. Le dîner est une autre soupe lyophilisée, une minestrone. Je n’aime pas du tout cette soupe qui contient 120 calories lorsque je la prépare. Ce n’est pas le dîner de fête des mères de mes rêves. Au moins, j’ai droit à un dessert – une « Barre Choco Crisp » qui est délicieuse. Les quatre bouchées.

Avec mon mal de tête qui gronde, je décide de me coucher plus tôt que d’habitude.

Le régime du premier jour contenait 1 150 calories. C’était difficile, mais pas impossible. Demain, je dois descendre à 800 calories. Je ne suis pas sûre d’y arriver.

Deuxième jour : SO MUCH TEA … SO LITTLE FOOD

Les journées à 800 calories comprennent toutes un bonus : une solution glycérinée que vous mélangez à de l’eau et qui sert de boisson énergétique pour vous aider à tenir la journée. J’aromatise la mienne, comme conseillé, avec un sachet de thé à l’hibiscus de la boîte. Il est d’un rose vif fou, mais comme il coupe la faim, je sens qu’il va devenir mon meilleur ami.

Je bois mon thé à la menthe verte en m’efforçant de ne pas regarder ma machine à cappuccino, qui semble m’interpeller depuis l’autre bout de ma cuisine. Étant californienne, je veux aussi vraiment mon toast à l’avocat. Au lieu de cela, je déballe une barre de noix.

Puis c’est le départ pour l’USC, où j’ai une journée chargée à visiter le laboratoire de Longo. Je finis par rester longtemps, de sorte que je ne peux même pas manger mon déjeuner de soupe aux champignons et d’olives jusqu’à environ 3 heures. Je me sens bien, compte tenu. Quand je réalise que j’ai aussi des olives avec mon thé de l’après-midi, je suis ravie. Cela ressemble à une prime.

Ma famille entière est obsédée par mon régime de jeûne – et pas si utile que ça.

Mon fils demande : « Tu vas faire caca ? » (La constipation est un effet secondaire ; j’ai survécu.)

Mon mari décide de faire son repas préféré d’enfance pour le dîner – sloppy Joes. Pendant que je mange ma « soupe de mélange de quinoa », ma famille s’extasie sur la qualité de leurs sloppy joes. « Ils sont si bons qu’ils pourraient être servis dans les meilleurs restaurants de Barcelone », dit mon mari. Je suis triste.

J’ai une barre chocolatée pour le dessert. Et ça ne me manque même pas d’avoir du vin au dîner. Je me glisse dans mon lit tôt, avec mon ordinateur portable, et je commence à dévorer les épisodes de « Queen of the South ». Merci, Netflix, de m’avoir donné de quoi m’empiffrer.

AUJOURD’HUI : J’AI BESOIN D’UNE GRAISSE

Le mardi est mon jour le plus affamé. Il n’y a pas de goûter, pas de barre Choco Crisp. Juste une barre de noix, une soupe à la tomate, des crackers de chou frisé, une soupe minestrone et la boisson énergétique, que j’emporte partout comme une couverture de sécurité.

Je dois terminer un article et je me sens un peu abruti, alors j’avoue à la scientifique que j’interviewe que je suis un régime de jeûne. Elle est intriguée et veut tout savoir sur la biochimie de ce régime. Tout le monde, en fait, veut connaître ce régime fou que je suis.

JOUR 4 : FAIRE FACE À L’ÉPICERIE

Mercredi, j’ai une journée chargée à suivre plusieurs groupes d’enfants du primaire pour une autre histoire que j’écris. C’est beaucoup de marche, pendant des heures, et je dois de temps en temps m’asseoir et me reposer à l’ombre. Je me demande si c’est ce qu’on ressent quand on est vieux. Shelehchi m’a conseillé de ne pas conduire pendant le jeûne, pour des raisons de sécurité, mais entre le travail et les nombreuses activités de mes enfants, c’est tout simplement impossible. Je saute cependant mes cours d’exercice.

Le mercredi soir, mon mari a un dîner de travail qui se trouve être dans mon restaurant préféré. (Je suis furieuse et jalouse.) Je dois donc faire les courses et cuisiner pour les enfants. Je suis inquiète à l’idée d’entrer dans une épicerie alors que je suis à jeun, alors je m’endurcis sur le parking de Trader Joe’s. Je prends plusieurs gorgées d’énergie et je m’en vais. Je prends plusieurs gorgées de boisson énergétique et j’entre dans le magasin.

En fait, ce n’est pas si difficile. Je regarde la nourriture – les viandes emballées sous film plastique, les pizzas surgelées chargées de fromage – et tout a l’air plutôt… dégoûtant. Je n’ai pas envie de manger quoi que ce soit.

Je pourrais peut-être utiliser une barre de noix supplémentaire, mais je suis OK avec ma soupe. Et ma barre Choco Crisp.

Cuisiner le dîner pour mes enfants est un jeu d’enfant. Je n’ai plus faim. J’aime bien avoir tous mes repas planifiés pour moi et si faciles à préparer. Je me sens même un peu gâtée. Et surtout, mon mal de tête a disparu. Je pensais que la nourriture normale et le vin au dîner allaient me manquer. (Aucun alcool n’est autorisé dans le cadre du régime.) Mais ce qui me manque le plus, encore, c’est le café.

5ème JOUR : UNE SURPRISE D’ÉNERGIE

Le jeudi est facile. J’ai beaucoup d’énergie, ce qui, selon Shelehchi, a tendance à se produire après les premiers jours de jeûne. Elle fait même ses cours de kickboxing pendant son jeûne. (Au début, elle n’était pas convaincue par le régime, mais elle s’est ravisée après avoir vu les données des études qu’elle aide Longo à mener et utilise maintenant le régime plusieurs fois par an.)

Je fais quelques courses et je finis par regarder fixement un homme qui mange de la nourriture mexicaine dans un récipient en polystyrène. J’ai envie de prendre sa nourriture. Peut-être qu’il est temps de retourner dans le monde du manger.

Je ne peux pas manger vendredi jusqu’à ce que mon test sanguin de suivi soit fait le matin, mais ce n’est pas la nourriture qui m’intéresse le plus. Je complote comment obtenir mon cappuccino le plus tôt possible après la prise de sang.

On pourrait penser que j’aurais envie de me gaver de nourriture après avoir fait le régime, mais le café suffit. Ce qui est bien, car Longo conseille de faire la transition entre votre estomac et une alimentation normale avec des soupes, des jus et des repas légers le premier jour après le régime.

Fait enfin : CAPPUCCINO BLISS

Après la prise de sang, je m’assieds et discute avec Shelehchi dans un café près de la clinique. J’ai perdu presque 2 kilos. Je me sens en pleine forme. Shelehchi n’est pas surprise. Elle dit que mon corps est maintenant en cétose, ou mode de combustion des graisses, et que je devrais continuer à en voir les bienfaits pendant plusieurs jours au cours de la  » réalimentation « .

Je lui dis qu’un des avantages du régime est que je me rends compte que je peux manger beaucoup moins de nourriture que je ne le fais – qu’en ce moment, des portions beaucoup plus petites et des soupes légères pour le déjeuner semblent un moyen vraiment facile de continuer à perdre du poids. C’est un effet secondaire courant du régime, dit-elle, en ajoutant : « Cela vous fait réfléchir à chaque chose que vous mettez dans votre bouche ». Elle a dit que beaucoup de femmes (comme moi) qui portent de la graisse supplémentaire qu’elles n’ont jamais perdue après la grossesse sont capables de la perdre en utilisant ce régime.

Je savais que mon cholestérol était du côté élevé en commençant le régime – j’avais récemment passé un examen médical et j’avais un taux de cholestérol élevé pour la première fois de ma vie. Mon médecin a dit que c’était probablement dû au régime hyperprotéiné que j’avais essayé, et Longo était d’accord. « C’est la pire des idées », a-t-il dit. « 

Donc, lorsque Longo m’appelle plus tard pour me donner les résultats de mes analyses sanguines, je suis ravi d’apprendre que mon cholestérol global et mon LDL, ou mauvais cholestérol, ont diminué pendant les cinq jours du régime, mais pas mes triglycérides. J’ai également constaté une nette amélioration de mon taux d’IGF-1, ou facteur de croissance analogue à l’insuline, qui est lié à des taux de cancer plus élevés. (Longo dit que les miens étaient peut-être élevés à l’origine à cause de ce régime hyperprotéiné). Il n’est pas clair si la réduction de l’IGF-1 se traduit par une meilleure santé ou une plus grande longévité, mais cela ne peut pas faire de mal.

Je suis un journaliste cynique et je suis connu pour être sceptique – en particulier sur les allégations de produits de santé à la mode, le marketing lourd et les solutions rapides. Mais ce régime semble avoir fonctionné pour moi à court terme. Près d’un mois après la fin du régime, je mange toujours des portions beaucoup plus petites, souvent à base de plantes, et je limite ma consommation de protéines. J’ai perdu trois kilos supplémentaires.

Et je savoure toujours chaque tasse de café.