C’est une histoire dont les personnages et les actions sont si peu plausibles qu’elle semble parfois être l’invention folle d’une œuvre de fiction. Mais l’affaire du collier de diamants était un scandale qui n’était que trop responsable de l’exécution finale de Marie-Antoinette – la dernière reine de France avant la Révolution française.
Le plus choquant, peut-être, est que la reine n’était absolument pas au courant de cette escroquerie élaborée.
Tout a commencé avec une « comtesse » douteuse -Jeanne de Valois-Saint-Rémy-, l’autoproclamée « comtesse de la Motte », qui se faisait passer pour une descendante de l’ancienne famille royale française, les Valois, mais dont les liens avec la noblesse étaient assez douteux. Réalisant que les revenus dérisoires de son mari ne permettraient jamais de financer le style de vie extravagant qu’elle désirait, La Motte pensait pouvoir gagner les faveurs de la reine elle-même, qui, apprenant les antécédents louches de La Motte, refusa de la rencontrer.
Non découragée, La Motte prit un amant, Rétaux de Villette, un soldat qui servait avec son mari, et devint également, en 1783, la maîtresse du prestigieux cardinal de Rohan. Le cardinal, qui a été ambassadeur de France à Vienne quelques années plus tôt, s’est brouillé avec la mère de Marie-Antoinette, l’impératrice Marie-Thérèse, et ne demande qu’à regagner l’approbation royale. La Motte voit sa chance.
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Elle découvre que les joailliers Charles Auguste Boehmer et Paul Bassange tentent de vendre un collier extraordinairement cher qui avait été conçu à l’origine pour Madame du Barry, la maîtresse de l’ancien roi Louis XV. La valeur du collier était estimée à 2 000 000 de livres (environ 15 millions de dollars d’aujourd’hui). À la mort du roi, le collier n’avait pas été payé et les bijoutiers étaient en faillite. Ils avaient déjà essayé de le vendre au roi actuel, Louis XVI, mais la reine avait refusé, déclarant : « Nous avons plus besoin de soixante-quatorze que de colliers. »
La Motte, arnaqueuse invétérée, persuada le cardinal qu’elle bénéficiait de la faveur secrète de la reine. En apprenant cela, Rohan résolut de l’utiliser pour regagner la bienveillance de la reine. La Motte encourage le cardinal à commencer à écrire à la Reine, et prétend lui transmettre les lettres. En réalité, et avec son autre amant Villette, un faussaire, elle crée ses propres réponses de « la reine ». Dans ces fausses lettres, la Reine parlait de son désir pour le collier, mais, consciente de la réticence du Roi à l’acheter en raison de la situation financière désastreuse actuelle du pays, elle espérait que le cardinal pourrait lui prêter l’argent comme une faveur secrète.
Le cardinal croit ces lettres authentiques et accepte d’acheter le collier pour la reine. Une liaison secrète tard dans la nuit est organisée dans le jardin du château de Versailles, où le cardinal doit rencontrer « la reine ». En réalité, La Motte a envoyé une prostituée ressemblant à la Reine, appelée Nicole le Guay d’Oliva), qui l’a assuré de son pardon. Désormais totalement convaincu de sa proximité avec la reine, le cardinal contacte les bijoutiers, acceptant de payer le collier en plusieurs fois.
Les bijoutiers ont reçu l’ordre de remettre le collier à La Motte, qui l’a transmis à son mari, lequel a immédiatement commencé à vendre les différents diamants à Londres. L’escroquerie a finalement été découverte lorsque le cardinal n’a pas effectué son premier versement et n’a pas été en mesure de présenter le collier. Les bijoutiers se sont plaints à la reine – qui a révélé son ignorance de toute l’affaire.
Le cardinal est arrêté, ainsi que La Motte, le faussaire, Villette, la prostituée, d’Oliva et le comte Cagliostro, un des clients du cardinal, que La Motte accuse d’avoir orchestré toute l’escroquerie.
Le cardinal est acquitté et exilé dans une de ses propres propriétés du sud de la France. Rétaux de Villette est reconnu coupable de faux et exilé. Nicole d’Oliva est acquittée. Le comte Cagliostro, bien qu’acquitté, fut exilé de France par ordre du roi.
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Jeanne de la Motte, l’aventurière au cœur de l’histoire, est reconnue coupable et condamnée à être fouettée, marquée au fer et emprisonnée à vie à la Salpêtrière, une prison notoire pour les prostituées. Elle réussit cependant à s’échapper déguisée en garçon et se rend à Londres où, en 1789, elle publie ses mémoires. Sans surprise, elle rend Marie-Antoinette responsable de toute l’affaire.
Louis XVI et Marie-Antoinette, bien que totalement inconscients de l’escroquerie, avaient décidé d’engager des poursuites publiques pour défendre leur honneur. Malheureusement, cela eut l’effet inverse, détruisant la réputation de la reine, dont beaucoup pensaient qu’elle avait manipulé La Motte pour se venger de son ennemi, le cardinal. L’affaire discrédita entièrement la monarchie des Bourbons aux yeux du peuple, et la réputation de la reine ne se remettra jamais de cet incident.
À peine quelques années plus tard, elle affrontera la guillotine, symbole agonisant de la corruption de l’ancien régime.
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