La Bibliothèque nationale de France trouve son origine dans la bibliothèque royale fondée au palais du Louvre par Charles V en 1368. Charles avait reçu une collection de manuscrits de son prédécesseur, Jean II, et les avait transférés du Palais de la Cité au Louvre. Le premier bibliothécaire répertorié est Claude Mallet, le valet de chambre du roi, qui établit une sorte de catalogue, Inventaire des Livres du Roy notretre Seigneur estans au Chastel du Louvre. Jean Blanchet a fait une autre liste en 1380 et Jean de Bégue une en 1411 et une autre en 1424. Charles V était un mécène du savoir et encourageait la fabrication et la collection de livres. On sait qu’il a employé Nicolas Oresme, Raoul de Presle et d’autres pour transcrire des textes anciens. À la mort de Charles VI, cette première collection fut achetée unilatéralement par le régent anglais de France, le duc de Bedford, qui la transféra en Angleterre en 1424. Elle fut apparemment dispersée à sa mort en 1435.
Charles VII ne fit pas grand-chose pour réparer la perte de ces livres, mais l’invention de l’imprimerie entraîna le démarrage d’une autre collection au Louvre, héritée par Louis XI en 1461. Charles VIII s’empare d’une partie de la collection des rois d’Aragon. Louis XII, qui avait hérité de la bibliothèque de Blois, l’incorpora à la Bibliothèque du Roi et l’enrichit de la collection Gruthuyse et des pillages de Milan. François Ier transfère la collection en 1534 à Fontainebleau et la fusionne avec sa bibliothèque privée. Sous son règne, les belles reliures devinrent à la mode et de nombreux livres ajoutés par lui et Henri II sont des chefs-d’œuvre de l’art de la reliure.
Sous la direction du bibliothécaire Amyot, la collection fut transférée à Paris, processus au cours duquel de nombreux trésors furent perdus. Henri IV la transfère à nouveau au Collège de Clermont et en 1604, elle est installée dans la rue de la Harpe. La nomination de Jacques Auguste de Thou comme bibliothécaire initia une période de développement qui en fit la plus grande et la plus riche collection de livres du monde. Son fils lui succède et sera remplacé, lors de son exécution pour trahison, par Jérôme Bignon, premier d’une lignée de bibliothécaires du même nom. Sous le règne de Thou, la bibliothèque s’enrichit des collections de la reine Catherine de Médicis. La bibliothèque se développe rapidement sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, en grande partie grâce à l’intérêt du ministre des Finances, Colbert, infatigable collectionneur de livres.
Les locaux de la rue de la Harpe devenant insuffisants, la bibliothèque est à nouveau transférée, en 1666, dans une maison plus spacieuse de la rue Vivienne. Le ministre Louvois s’intéressa à la bibliothèque tout autant que Colbert et, sous son administration, on projeta d’ériger un magnifique bâtiment sur la place Vendôme. La mort de Louvois empêcha cependant la réalisation de ce projet. Louvois employa Mabillon, Thévenot et d’autres pour se procurer des livres de toutes provenances. En 1688, un catalogue en huit volumes fut compilé.
La bibliothèque ouvrit au public en 1692, sous l’administration de l’abbé Louvois, fils du ministre Louvois. L’abbé Louvois fut remplacé par Jean-Paul Bignon, qui institua une réforme complète du système de la bibliothèque. Des catalogues sont réalisés qui paraissent de 1739 à 1753 en 11 volumes. Les collections s’accroissent régulièrement par achats et dons jusqu’au déclenchement de la Révolution française, où elle court un grave danger de destruction partielle ou totale, mais grâce à l’action d’Antoine-Augustin Renouard et de Joseph Van Praet, elle ne subit aucun dommage.
Les collections de la bibliothèque s’accroissent pour atteindre plus de 300 000 volumes pendant la phase radicale de la Révolution française, lorsque les bibliothèques privées des aristocrates et du clergé sont saisies. Après l’instauration de la Première République française en septembre 1792, « l’Assemblée déclare la Bibliothèque du Roi bien national et l’institution est rebaptisée Bibliothèque nationale ». Après quatre siècles de contrôle par la Couronne, cette grande bibliothèque devenait désormais la propriété du peuple français. »
Une nouvelle organisation administrative fut mise en place. Napoléon s’intéresse de près à la bibliothèque et émet, entre autres, un ordre selon lequel tous les livres des bibliothèques provinciales non possédés par la Bibliothèque nationale doivent lui être transmis, sous réserve de remplacement par des échanges de même valeur provenant des collections doubles, ce qui permet, comme le dit Napoléon, de trouver un exemplaire de n’importe quel livre en France dans la Bibliothèque nationale. Napoléon augmenta en outre les collections par le butin de ses conquêtes. Un nombre considérable de ces livres ont été restaurés après sa chute. Pendant la période de 1800 à 1836, la bibliothèque était pratiquement sous le contrôle de Joseph Van Praet. À sa mort, elle contenait plus de 650 000 livres imprimés et quelque 80 000 manuscrits.
A la suite d’une série de changements de régime en France, elle devint la Bibliothèque nationale impériale et fut transférée en 1868 dans des bâtiments nouvellement construits rue de Richelieu, conçus par Henri Labrouste. À la mort de Labrouste en 1875, la bibliothèque a été agrandie, y compris le grand escalier et le salon ovale, par l’architecte académique Jean-Louis Pascal. En 1896, la bibliothèque était encore le plus grand dépôt de livres au monde, bien qu’elle ait depuis été dépassée par d’autres bibliothèques pour ce titre.En 1920, la collection de la bibliothèque avait atteint 4 050 000 volumes et 11 000 manuscrits.
M. Henri Lemaître, un vice-président de l’Association des bibliothèques françaises et ancien bibliothécaire de la Bibliothèque nationale … a décrit l’histoire des bibliothèques et des bibliothécaires français pendant l’occupation allemande, un record de destruction et de discrimination raciale. Pendant la période 1940-1945, plus de deux millions de livres ont été perdus à cause des ravages de la guerre, dont beaucoup constituaient les irremplaçables collections locales dont la France regorgeait. Plusieurs milliers de livres, dont des bibliothèques complètes, ont été saisis par les Allemands. Pourtant, les bibliothécaires français ont résisté à toutes les menaces et ont continué à servir leurs lecteurs au mieux de leurs capacités. Dans leur vie privée et dans leurs occupations professionnelles, ils étaient au cœur de la lutte contre les nazis, et beaucoup ont souffert de l’emprisonnement et de la mort pour leur dévouement. Malgré l’opposition des nazis, ils ont continué à fournir des livres aux prisonniers de guerre français. Ils ont continué à fournir des livres sur diverses listes proscrites à des lecteurs dignes de confiance ; et quand la libération est arrivée, ils étaient prêts avec leurs plans de réhabilitation avec la création de nouveaux centres de livres pour le peuple français sur les lignes du système de bibliothèque de comté anglais.